Mes souhaits : bien sûr de belles lectures, rester en bonne santé je n’en parle même pas, éprouver des émotions en regardant de beaux paysages, respecter et regarder la beauté de la vie sauvage, éviter la souffrance : celle qu’on s’inflige, qu’on inflige aux autres et à nos partenaires sur terre, les animaux.

Un petit extrait de la somme que j’ai commencé à lire avant cet été, Les hommes de bonne volonté de Jules Romains , C’est Roger Sammecaud qui s’exprime, rêvassant lors d’un voyage en train.

Le plus grand, c’était d’avoir à ne demander à la vie que ce qu’elle est capable de fournir (à condition encore qu’on lui donne un sérieux coup de main) : des réussites de dimensions limitées .
Dès qu’on est en possession de cette découverte élémentaire, tout se simplifie. L’erreur, c’est de demander à la vie une de ces grandes machines, d’un enchevêtrement inextricable, où auront à trouver place une multitude de circonstances, de sentiments, d’intérêts, et qui devront tenir très longtemps contre toutes les intempéries ; ce qu’on appelle par exemple : dix ans de bonheur (il y a de quoi rire !) ou même une grande passion partagée (avec tous les à-côtés que cela suppose). La vie, en réalité, se comporte comme un véritable artiste. Le véritable artiste n’a jamais prétendu venir à bout d’une montagne de matériaux. Il prend un morceau de marbre, en somme tout petit, ou un rectangle de toile et quelques tubes de couleur. La vie lève les bras au ciel quand vous lui parlez de dix ans de bonheur ou même de votre projet de grand amour-passion. Et comme ensuite, si vous vous obstinez à lui passer la commande, naturellement cela ne marche pas, c’est d’elle que vous vous plaignez. Il vous aurait suffi pourtant d’un rien de réflexion pour comprendre que vous lui demandiez l’impossible. Même si la vie réalise ce miracle d’assortir deux êtres dont les sentiments et les actions resteront en harmonie pendant des années, sans trop de contraintes ni de sacrifice de part ou d’autre, comment empêcher les mille incidents du monde extérieur de se jeter à la traverse ? Vous ne supposez pourtant pas que votre consigne de bonheur va être respectée soudain par l’univers tout entier ?
Mais demandez à la vie une semaine pleinement réussie ; moins que cela : trois ou quatre jours. La question a un sens. Le problème peut être traité. Ce n’est pas qu’il soit commode. Réussir ce peu de chose qu’ est un tableau de chevalet n’est pas commode. Mais ce n’est pas une entreprise délirante ; et elle est faite pour passionner le connaisseur. Vous vous apercevrez que quatre jours, c’est déjà un monde. Que nous parlez-vous de plaisir fugitif, de sentiments à fleur de peau ? Dans quatre jours peuvent se loger des sentiments très forts, des impressions très profondes, dont l’écho hantera vos rêveries pendant de longues années. Si vos quatre jours sont vraiment une grande réussite, il contiendront, ramassées, mises en valeur l’une par l’autre, une foule d’expérience que la vie, quand elle ne travaille pas en artiste, ne produit que chichement, avec des détails fastidieux.

♥️ Annie