Parution : en octobre 2024 dans les éditions Fayard.
Broché : 333 pages – 20.90 €
Le style, le genre : récit autobiographique.
L’auteure : Maryse est née le 24 juin 1964 à Combourg (Ile et Vilaine). Elle grandit dans la ferme de ses parents à Bazouges-la-Pérouse. Elle suit des études de journalisme à l’université de Strasbourg, entre chez RTL Télévision puis FR3. Elle effectue son premier grand reportage en Inde pour couvrir l’épidémie de peste en 1994 pour France 2. Elle sera, entre autres, correspondante de France Télévisions à Londres, puis à Washington. En 1999 elle obtient avec Gilles Jacquier (mort en reportage pour Envoyé spécial en Syrie en 2012) le Prix Bayeux des correspondants de guerre, pour un reportage sur les populations fuyant le Kosovo.
Les lieux : France, Haïti, Ukraine, Inde, Kosovo, Asie de sud-Est, Iran, Irak, Syrie, Afghanistan, etc.
Le thème : Rien ne prédestinait Maryse Burgot, fille d’agriculteurs bretons, à sillonner le monde au péril de sa vie. Les directs et les reportages de cette « évadée de son milieu d’origine » sont, depuis les années 1990, des rendez-vous incontournables des téléspectateurs de France 2. Avec sa voix singulière et son approche de l’information, elle s’est définitivement installée dans nos salons le soir à 20 heures. Des Balkans à l’Ukraine en passant par l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie et le conflit israélo-palestinien, Maryse Burgot a couvert les plus grands conflits de notre époque.
Mon avis : la plus grande partie du récit est consacrée à ses différents grands reportages sur le terrain et finalement pas tant que ça à ses origines et au déterminisme social qui n’aurait pas dû la mener à exercer ce métier. Le « poisseux sentiment d’imposture lié à mon lieu de naissance, de l’intranquillité permanente, du manque de nonchalance, et d’insouciance caractéristique de celles et ceux qui n’ont pas grandi dans un milieu privilégié » est évoqué assez brièvement. Je suis sûre qu’elle aurait pu en dire beaucoup plus sur les remarques et les regards subis, de la part de condisciples évoluant en circuit fermé. Est-ce de la pudeur ou un témoignage de sa mansuétude ?
Elle insiste plus sur la conciliation entre ce métier qui la tient loin de chez elle et ses enfants (le premier nait en 2001).
« Sur une route du Donbass, nous venons d’essuyer un tir d’obus. C’est un miracle que nous soyons en vie. Nous roulons, pied au plancher, pour échapper à une nouvelle attaque. Mon téléphone sonne. Il est dans la poche de mon gilet pare-balles. Impossible de ne pas répondre. C’est l’un de mes fils. Je décroche. Il s’agit d’un problème de cuisson de riz. J’explique ma méthode. Je ne parle pas trop fort, j’ai peur que les membres de mon équipe me prennent pour une folle. Mais ce soir, le riz sera bon à la maison. »
Le récit de ses reportages est passionnant, j’ai beaucoup aimé ce livre, il rejoint dans sa précision et sa modestie l’impression de sérieux qu’elle offre sur France 2. A noter que c’est son expérience des VO (voyages officiels), dans un chapitre intitulé « Merci pour ce moment à l’Elysée – Paris 2014-2017 » , qui lui a le moins plu. « Cela n’a rien à voir avec la personnalité du président (François Hollande). Je pense que j’aurais ressenti la même chose avec un autre chef d’État français. Le contexte, c’est-à-dire la quasi-impossibilité de parler aux « vraies » gens vivant dans le pays ou le département visité, faute de temps, explique cette sensation de vide qui demeure aujourd’hui. »
Pour résumer : je conseille ce livre à tous ceux qui s’intéressent à l’actualité, et si des adolescents, issus ou non de classes sociales privilégiées, veulent devenir journaliste cela me parait être un témoignage fort intéressant.
