Parution : en septembre 2020 dans les éditions Calmann-Lévy.

Broché : 396 pages – 19.90 €  Poche : 416 pages – 8.40 €

Le style, le genre : roman policier, largement inspiré du quotidien des Haïtiens.

L’auteur : Jérôme Loubry est né en 1976 à Saint-Amand-Montrond. Il a d’abord travaillé à l’étranger dans la restauration et voyagé tout en écrivant des nouvelles. Désormais installé en Provence, son premier roman Les Chiens de Détroit est lauréat du Prix Plume libre d’Argent 2018. Ont suivi également chez Calmann-Lévy Le Douzième chapitre (2018) Prix Sang pour Sang polar 2019, Les Refuges (2019), En fauteuil à deux (Robert Laffont 2021), et Les Sœurs de Montmort (2021). En 2023,  Le chant du silence, puis dernièrement en 2024, L’île.

Les lieux : Haïti et Paris.

L’histoire : Dans ce quartier chic de Port-au-Prince s’élèvent de belles demeures de pierre entourées de palmiers, de flamboyants et d’arbres orchidées. C’est là que, pour la deuxième fois en une semaine, un couple est retrouvé assassiné dans sa chambre. Deux corps mutilés gisant au pied du lit conjugal. La presse titre déjà sur une série de « crimes vaudous ». Pourtant l’inspecteur Simon Bélage refuse de tomber dans la superstition. Sur cette île, la corruption et le trafic d’enfants font plus de ravages que le terrible Baron Samedi, le dieu des morts. Simon sait avec certitude que ces crimes sont l’œuvre d’un être de chair et de sang. Et tous les indices convergent vers un orphelinat fermé depuis près de vingt ans, surnommé la « Tombe joyeuse ».

Mais Simon devrait prendre garde. En Haïti, ignorer les avertissements des esprits, qu’ils soient vrais ou faux, peut se révéler dangereux…

Mon avis : L’action se déroule en 1984, en 2009/2010 et se termine le jour du grand séisme du 12 janvier 2010. Les personnages : un flic Simon Bélage et sa fille Rachelle qui est membre d’une association humanitaire venant en aide aux enfants. Une jeune femme française, Méline, qui part en Haïti pour une mission d’un mois. Des enfants enlevés ou achetés à leurs familles Victor, Damien, Lucien, Mickaël, Sélène et Doriane, les Six et enfin Salamia une mambo (prêtresse de la religion vaudou) qui en sait beaucoup.

J’ai beaucoup aimé ce polar, pas seulement pour la trame policière mais aussi et surtout pour la plongée dans les paysages, le quotidien et l’âme haïtienne. Au point où j’en ai presque oublié qu’une enquête était à résoudre, tant la qualité des recherches documentaires qui ont été réalisées par Jérôme est de grande qualité. J’ai eu parfois l’impression d’être emmenée en enfer tellement la vie est d’une dureté effroyable, ça je le savais mais l’auteur nous le fait sentir dans tout notre être. Il ne nous épargne rien, l’achat d’enfants aux familles trop pauvres pour les nourrir, le quasi esclavage de ces enfants, les filières criminelles qui les proposent à l’adoption.

Et les gangs qui ratissent les rues et qui sèment la terreur pour s’approprier des territoires ! Dans le roman, Blasius, le chef de Cité Soleil, est celui par qui la terreur quotidienne arrive. Jérôme n’invente rien (voir ici) c’est le plus grand bidonville autour de Port-au-Prince, 241 055 habitants et une misère innommable. Et quand se surajoute le vaudou qui occupe une belle place dans ce polar, indissociable d’Haïti, le tableau que je brosse est complet, Baron Samedi, Maman Brigitte et Baron Criminel et les autres personnages du vaudou n’ont plus qu’à jouer leurs cartes.

Le travail des organisations humanitaires est dangereux, parfois vain mais il apporte un peu de lumière. Que dire des orphelinats ! Je vous laisse les découvrir puisque le nœud de l’enquête se déroule à l’orphelinat de la Tombe Joyeuse (quel nom !).

Pour résumer : dans un autre style, pour poursuivre avec Haïti, je vous recommande Danser les ombres de Laurent Gaudé que j’ai beaucoup aimé.