Parution : en août 2021 dans les éditions de l’Observatoire.
Broché : 380 pages – 20 €
Le style, le genre : roman basé sur un phénomène contemporain, l’influence des réseaux sociaux, et sur le choc entre militants d’aujourd’hui et militants d’hier. Le narrateur est le personnage principal Jean Roscoff.
L’auteur : Albéric de Gayardon, dit Abel Quentin, est né à Lyon en 1985. Il fait ses études à Sciences Po Paris puis devient avocat. Il écrit un premier roman très remarqué sur la radicalisation islamique d’une jeune fille Sœur, pour cet ouvrage il sera présent dans la liste du Goncourt 2019, finaliste du Goncourt des lycéens la même année et Prix Première 2020 (prix décerné par la RTBF, télévision publique belge). Le voyant d’Étampes remporte le Prix de Flore 2021.
Son dernier ouvrage Cabane (2024) a obtenu des critiques élogieuses. Sous forme de thriller il est inspiré par le Rapport Meadows (1972), qui démontre que si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu’on le connaît s’effondrera au cours du XXIe siècle.
Les lieux : Paris, Étampes (Essonne).
L’histoire : « J’allais conjurer le sort, le mauvais œil qui me collait le train depuis près de trente ans. Le Voyant d’Étampes serait ma renaissance et le premier jour de ma nouvelle vie. J’allais recaver une dernière fois, me refaire sur un registre plus confidentiel, mais moins dangereux. »
Universitaire alcoolique et fraîchement retraité, Jean Roscoff se lance dans l’écriture d’un livre pour se remettre en selle : Le voyant d’Étampes, essai sur un poète américain méconnu qui se tua au volant dans l’Essonne, au début des années 60. A priori, pas de quoi déchaîner la critique. Mais si son sujet était piégé ? Abel Quentin raconte la chute d’un anti-héros romantique et cynique, à l’ère des réseaux sociaux et des dérives identitaires. Et dresse, avec un humour délicieusement acide, le portrait d’une génération.
Mon avis : conseillé dans l’excellent blog de Sandrine Tête de lecture, je me suis emparée de ce livre avec curiosité. Le sujet est très contemporain, savoir parler ou écrire en pesant chaque mot, et si pour le plus grand des malheurs un élément du discours heurte les objectifs et les valeurs de la nouvelle génération de militants, c’est la curée. Le héros, Jean Roscoff, se pensait comme un intellectuel de gauche, antiraciste, sa référence c’est la grande marche de SOS racisme en 1983. Se pensant protégé par son militantisme passé il est à rebours de l’époque et ne s’en aperçoit visiblement pas. Professeur d’université, spécialisé dans le communisme aux États-Unis il a commis un ouvrage qui s’est avéré être un désastre au moment de sa publication (je vous laisse découvrir quelle en est la raison). Dans sa vie privée ce n’est guère mieux, divorcé de sa femme, ayant des relations pas très simples avec sa fille et fréquentant les bistrots et la bouteille plus souvent qu’à son tour, vous avez là le portrait d’un homme amer et frustré.
Je ne veux pas vous dévoiler l’intrigue principale, donc je vous dirai seulement qu’il pensait se remettre en selle avec la parution d’un livre sur Robert Willow, un poète américain (imaginaire). En raison d’une omission majeure il se retrouve au centre d’une épouvantable polémique qu’il n’avait pas vue venir…
J’ai apprécié ce coup de projecteur sur les dérives de l’appropriation culturelle ,et le vocabulaire qui va avec, qui agitent la toile, les réseaux sociaux et la société. C’est le mérite premier de ce roman mais alors…que ce personnage m’a irritée. Certains lecteurs ou critiques y ont vu une ressemblance avec un héros houellebecquien, je suis tout à fait d’accord. Aigreur, cynisme et déchéance physique, tout m’a fait détester ce personnage, c’est la raison pour laquelle ma lecture a un peu trainé… je n’avais pas envie de le retrouver.
Pour résumer : roman puissant et dérangeant, qui raconte notre époque et qui fait peur…

Malgré un héros irritant, ça semble un livre non dénué de pertinence.
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tout à fait !
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Je trouve qu’un auteur qui arrive vraiment à nous faire détester un personnage est au moins aussi doué que ceux qui nous les font aimer. C’est plus simple de créer des personnages aimables, les lecteurs s’attachent facilement. Mais des pénibles comme Jean Roscoff, c’est moins évident. Le danger c’est bien sûr que le lecteur renonce… Mais l’intrigue est ici vraiment intéressante tout comme l’analyse sociale qui en découle.
Tu as habilement réussi à ne pas en dire trop et à donner envie, bravo ! Et merci pour le lien.
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👍
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