Parution : éditions Viviane Hamy mars 2012 – mars 2014 pour le poche Points Policier.
Le genre / le style : roman policier, style directement hérité du roman noir américain, univers urbain inquiétant et humanité sans illusions.
L’auteur : Karim Miské est né en 1964 à Abidjan d’un père mauritanien et d’une mère française. Il grandit à Paris avant de partir étudier le journalisme à Dakar. Il est documentariste sur des sujets très divers mais plusieurs d’entre eux sont consacrés aux néo-fondamentalismes juifs, chrétiens et musulmans. Arab Jazz est son premier roman. Il a reçu le Grand Prix de littérature policière 2012
Les lieux : Paris 18eet 19e – New York – Niort (Deux-Sèvres)
L’histoire : Dans le 19e arrondissement de Paris toutes les communautés, religieuses et ethniques, se côtoient au quotidien. Sushis casher, kebabs, restaurant turc : point de ralliement de tous les jeunes du coin, la librairie d’occasion farcie de romans policiers jusqu’au plafond, le coiffeur juif…Seul Ahmed Taroudant – qui a l’horrible privilège de découvrir le corps sanguinolent de sa voisine et amie, Laura Vignola, suspendu au-dessus de son balcon – se tient à distance de cette population cosmopolite : prisonnier d’une histoire personnelle traumatisante, rêveur, lecteur fou de polars… Il constitue le coupable idéal de ce crime abominable. Sa découverte l’oblige à sortir de sa torpeur et à collaborer avec le duo de la Crim’ désigné par le commissaire Mercator pour mener l’enquête sur le meurtre : la flamboyante lieutenant Rachel Kupferstein et le torturé lieutenant Jean Hamelot, fils d’un Breton communiste rationaliste, quelque peu égaré dans la capitale. Ensemble, ils ont toutes les cartes pour décrypter les signes et symboles de cette mort ignoble. S’agit-il d’un meurtre symbolique exécuté par un fou de Dieu issu des communautés loubavitch ou salafiste ? Qu’en est-il de l’étrange famille de Laura, originaire de Niort, qui étend son influence jusqu’à New York ? Et de l’apparition dans le quartier du godzwill une nouvelle drogue redoutable. La collaboration des meilleures amies de la victime, Bintou et Aïcha (les sœurs des caïds du quartier), Rebecca – partie à Brooklyn dans l’intention d’épouser un Juif orthodoxe –, avec les lieutenants Kupferstein et Hamelot se révèlera indispensable pour reconstituer la toile d’araignée gigantesque qui, de Paris à New York, tire ses fils entre réseaux de trafics de drogue et communautés religieuses… (texte éditeur)
Mon avis : C’est toujours délicat de débuter un roman de genre par la critique des confrères, c’est ce que fait Karim en faisant dire à son héros, Ahmed, que lire « quantité de polars industriels anglo-américains : Connely, Cornwell, Cobain (…) c’est lire le même roman. » Ce n’est pas que je sois en désaccord complet mais c’est surtout que je me suis dit : « il met la barre haute, le bougre ! Ca va être différent, self made donc… mieux ! ». Mon jugement est mesuré, je ne sais pas trop quoi penser de ce polar, la plongée au cœur de l’Est parisien est réussie, le détricotage des différentes tendances au sein des communautés religieuses réussi aussi, on voit que le documentariste maîtrise son sujet. J’ai même d’ailleurs l’impression que le but premier de Karim était d’écrire sur ce sujet, peut être a-t-il hésité à publier un essai et de ce fait il a utilisé le medium du polar. Je n’ai pas lu ce livre avec un enthousiasme débordant, les personnages de flics sont un peu caricaturaux surtout ceux des méchants… ou alors très peu crédibles. Le dénouement, par contre, n’est pas mal du tout.
Pour résumer : Ce polar ne va pas révolutionner le genre, malgré tout ce roman peut être conseillé à ceux qui veulent découvrir les arrière-boutiques des commerçants (certaines ne doivent pas être loin de ce qui est décrit) et les différentes communautés de leur arrondissement. Et puis c’est un premier roman, donc à encourager !