
Parution : en janvier 2017 aux éditions Odile Jacob
Le style, le genre : essai neuroscientifique vulgarisé mais jusqu’à un certain point… c’est tout de même Odile Jacob …
L’auteur : Lionel est né en mars 1969 en Île de France, il a étudié à l’École Normale Supérieure rue d’Ulm (Paris 5e) puis est devenu neurologue et chercheur en neurosciences cognitives à l’ICM (Institut du cerveau et de la moelle épinière) de la Pitié-Salpêtrière. Il est professeur de médecine à l’université Paris-VI et membre du Comité consultatif national d’éthique.
Le thème : les signes symboliques qui nous entourent ont été conçus pour éveiller en nous une signification absolument claire, univoque, indiscutable : un feu rouge, le sigle W.-C., la croix verte de la pharmacie, les petits rectangles de batterie de nos téléphones portables…
Une grande partie de nos collisions avec ces signes répondent aux attentes de la signalétique : le signe nous indique avec fermeté le sens qu’il nous faut suivre, celui de la direction comme celui de la signification. Et nous nous conformons, docilement et sans même y penser, à son injonction. Parfois, pourtant, un « accident de signalisation » se produit… Nous interprétons le signe de manière erronée ! Comment expliquer ces accidents dont il nous arrive à tous de faire l’expérience dans notre vie quotidienne ? Que nous révèlent-ils sur la manière dont notre esprit/cerveau fonctionne, perçoit, interprète, comprend le monde qui l’entoure ? Et en quoi, surtout, sont-ils de précieux révélateurs de la personne que nous sommes vraiment et de la liberté qui est, heureusement, encore à notre portée ?
Mon avis : j’avais complètement oublié de vous parler de ce livre passionnant lu au printemps. Après l’avoir fermé j’ai pris conscience de la quantité de signes, symboles, icônes et smileys qui nous dirigent toute la journée, en ville encore plus qu’à la campagne. Ces signes nous dispensent de penser, il suffit juste de leur obéir. Il arrive que quelque chose dysfonctionne, c’est le thème central de l’essai, il prend pour cela quatre exemples de « pannes » personnelles. Lionel nous raconte en premier ce qui lui est arrivé à San Francisco quand il voit écrit sur le sol les lettres PED XING.
« Dès le premier matin (à San Francisco), j’ai remarqué ce symbole de signalisation urbaine très énigmatique pour moi. En lettres noires sur fond jaune, et également inscrit en grandes lettres blanches au sol du carrefour que je traverse pour aller au Golden Gate Park : « PED XING ». Je me souviens encore très précisément de la première interprétation qui a jailli à mon esprit lors de cette collision californienne : Tiens… du chinois. Suivie aussitôt après par un flux de conscience qui a dû s’énoncer intérieurement à peu près comme cela : San Francisco est une ville très libérale qui a toujours su faire preuve d’une grande ouverture culturelle et ethnique. Tout comme les deux côtes des États Unis, et à la différence du Midwest plus renfermé. (…) »
C’est ce qu’il appelle un accident de collision, je vous en laisse découvrir la chute.
« Ces accidents dont nous sommes les premiers surpris sont alors susceptibles d’attirer notre attention vers l’arrière-plan de notre vie mentale. (…) Lors de chacune de nos rencontres avec un signe, ce dernier met en branle une machinerie interprétative qui produit un sens subjectif. »
« Leur étude nous permet ainsi de mieux comprendre notre propre fonctionnement, mais également de nous sentir plus proches de certains patients souffrant de troubles neurologiques ou psychiatriques. Durant l’instant, souvent fugitif, que durent ces pannes, nous nous rapprochons en effet du vécu de ces malades qui sont envahis d’interprétations incorrectes permanentes (…). »
Pour conclure son essai Lionel nous rassure, ces accidents de collision sont inévitables, ils vont même s’accroître avec la démultiplication de la signalétique. Il y voit une véritable « source de salut pour nos subjectivités en ce qu’elle se nourrit de la menace que constitue une telle surabondance de signes. »
Pour résumer : c’est parfois compliqué mais passionnant. Sa conclusion est belle : « Réconfortés par cette prise de conscience, et davantage confiants dans notre inaliénable statut de sujet, il nous sera peut-être plus simple d’essayer de vivre nos existences quotidiennes comme on lit et écrit des poèmes. »
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