Les derniers jours de l’apesanteur de Fabrice CARO

Parution : en août 2025 dans les éditions Gallimard, collection Sygne.

Broché :   224 pages – 20 €  

Le style, le genre : roman humoristique sur l’adolescence (années 80).

L’auteur : Fabrice (connu aussi sous le nom de Fabcaro) est né le 10 août 1973 à Montpellier dans une famille de « Français moyens ». Après un bac scientifique et des études universitaires de physique il a failli devenir prof en intégrant de façon brève l’IUFM de Montpellier. En 1996 il débute sa carrière de dessinateur en collaborant dans diverses revues de BD. Il est repéré par un collectif associatif, La Cafetière, animé par Benoit Houbart, Peter Van Laarhoven et Philippe Marcel qui va publier sa première BD autobiographique, Le Steak Haché de Damoclès. Sa carrière est lancée, il faut attendre 2015 pour qu’il connaisse la célébrité  avec Zaï zaï zaï zaï, éditions 6 pieds sous terre, critique sociale humoristique. Depuis il enchaine le dessin (pas loin de 40 BD) et les romans par exemple Le discours (2018) adapté au cinéma en 2020. Il scénarise les deux derniers opus d’Astérix, L’iris blanc (2023) et Astérix en Lusitanie (2025).

Les lieux : un lycée dans une ville de l’Hérault, sans doute Montpellier.

L’histoire : L’année du Bac, la meilleure période de notre vie en même temps que la pire.

« Je m’étais façonné un faux moi intégralement taillé pour lui plaire. Elle avait adoré Le cercle des poètes disparus ? C’est dingue, c’était mon film culte. Elle aimait Sting et surtout son dernier album en date … Nothing Like the Sun ? Je vénérais cet album, de manière inconditionnelle. Elle admirait le chanteur pour son implication dans la défense de la forêt amazonienne aux côtés du chef Raoni ? J’étais à deux doigts de venir au lycée le lendemain avec un plateau de terre cuite coincé dans la lèvre inférieure… »

Jonglant avec l’euphorie et la fébrilité de nos dix-huit ans, Fabrice Caro livre la chronique drolatique d’une année de terminale à la fin des années 80.

Mon avis : c’est un roman de pure détente, qui atteint son but : nous faire sourire du début à la fin. Fabcaro joue avec les émotions des ados boutonneux (et de lui-même quelques décennies auparavant) dont la principale occupation, la deuxième est de préparer le bac, est d’essayer de déterminer la localisation du point G et de tenter des approches souvent pitoyables auprès de jeunes filles indifférentes. Si vous n’avez jamais encore fait la connaissance de Fabcaro vous allez assister, comme dans tous ses romans, à un festival d’autodérision, d’humour mordant et tendre à la fois.

Deux extraits à suivre qui vous donneront une idée de son style :

« Marc avait le chic pour s’enticher de filles inaccessibles en se disant que ça pourrait marcher, il était le seul à ne pas voir que, non, oublie, même pas en rêve, on n’affronte pas la première division quand on joue en départemental – voire quand on ne joue pas du tout et qu’on a des tongs à la place des crampons. Quand on tentait de le raisonner, de le ramener à la réalité de notre statut de platanes de cour de lycée, il nous sortait du chapeau son exemple phare, son argument magique : Regarde Olivier Vigneron.

Quand nous étions en seconde, tout le monde fantasmait sur Bénédicte Legrand et sa beauté évanescente, mystérieuse. Quand elle traversait la cour, elle ne marchait pas, elle planait à cinq centimètres au-dessus du bitume comme un aéroglisseur. Tous la convoitaient, mais tous s’y cassaient les dents, y compris les plus chevronnés. Et puis un jour, sans préambule, on l’avait vue main dans la main avec Olivier Vigneron. Olivier Vigneron, l’outsider par excellence, celui sur qui on n’aurait pas misé un kopeck, le bigleux baladant sa silhouette avachie et son éternel survêtement gris informe, son walkman vissé sur la tête en permanence. Sur le moment, on avait presque cru à un canular. Mais non, ils ne se quittaient plus, c’était l’amour fou.

Olivier Vigneron incarnait la jurisprudence en matière de couple improbable. Il était la preuve vivante que tout était possible, qu’on pouvait partir de rien en survêtement informe et parvenir au sommet. Sa photo aurait dû figurer au mur de chaque chambre de lycéen comme un espoir pour tous. A chacun son Mandela. »

« Si au lycée, la plupart des cours avaient du mal à faire sens, celui de sport remportait la palme. Du moins pour Marc, Justin et moi. Et si la finalité du cours de sport, de manière générale, nous échappait, c’était d’autant plus manifeste dans le cas de certaines disciplines spécifiques, comme les barres parallèles. Qu’était censé nous apporter cet apprentissage ? Quel était son utilité à terme ? À quel moment, dans notre vie future, allions-nous devoir surmonter une situation faite de barres parallèles ? Existait-il un métier où, subitement, votre patron entrait en trombe dans votre bureau et vous annonçait en panique Il me faut en urgence 3 figures enchaînées de barres parallèles pour la fin de matinée !

A un moment donné, heureusement seulement vers la fin du roman, on s’habitue à son style et aux rebondissements parfois tirés par les cheveux, alors le texte tourne un peu en rond, mais sans que ce soit pesant. J’ai bien aimé une des dernières phrases, pleine de promesses et d’interrogations pour qui sait ce qu’est une vie d’adulte : « Justin a lâché sur un ton neutre Nous voilà libres, les gars. », ce qui explique le titre…

Pour résumer :  divertissant, Fabcaro est doué. A lire ou offrir à tous ceux qui veulent sourire sans prétention, pas forcément aux ados d’aujourd’hui mais plutôt à ceux d’hier 😉 car il use de multiples références des années 80 qui réjouiront les lycéens d’alors et qui leur rappelleront des souvenirs…

2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Avatar de Sacha Sacha dit :

    Les BD de Fabcaro me font beaucoup rire, ses romans moins. A l’occasion, je l’emprunterai mais sans que ce soit une priorité.

    J’aime

    1. Avatar de anniemots anniemots dit :

      pure distraction. quand on cherche un petit cadeau à faire et qu’on a aucune idée des goûts de la personne on ne prend pas de risques…

      Aimé par 1 personne

Répondre à Sacha Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.