Parution : Rivages/Noir 2005 – « Al mar con la ragazza » 1950
L’auteur : Giorgio Scerbanenco est né à Kiev en 1911, de mère italienne et de père ukrainien. Après que son père a été fusillé par les Bolcheviques en 1917, il émigre avec sa mère à Rome puis Milan. Il vit dans la pauvreté et subsiste en écrivant des piges pour des journaux féminins et en écrivant des nouvelles et romans à l’eau de rose. Il écrit son premier roman policier en 1940 mais c’est dans les années 50 qu’il se fait connaître en France en créant un personnage d’enquêteur original : Duca Lamberti un médecin rayé de l’Ordre pour euthanasie. Il meurt à Milan à 58 ans.
Genre et style : roman psychologique italien. Giorgio utilise un mode narratif toujours très dynamique : il crée deux histoires parallèles qui vont se rejoindre.
L’histoire : Dui et Ona ont environ 5 ans, ils vivent dans une cité HLM de la banlieue pauvre de Milan. Ils sont inséparables et n’ont qu’une obsession, voir la mer. Des années plus tard au mois de juillet nous les retrouvons amoureux et toujours aussi pauvres. Simona travaille pour quelques lires chez un teinturier, Duilio vient de se faire renvoyer d’un petit boulot de livreur. Ils ressassent en haut de leur tour déshéritée, l’un au quatorzième étage l’autre au seizième leur rêve de voir la mer. Entre en scène un poison nommé Innocenzo qui va persuader Duilio de cambrioler à sa place le garage où il travaille. Rien ne va se passer comme prévu… Edoarda est une jeune femme de 30 ans, issue de la bonne bourgeoisie milanaise. Elle entretient une liaison peu satisfaisante avec Ernesto, un homme sous emprise totale de sa sœur folle à lier et manipulatrice. Alors que tous ses amis se préparent à partir en vacances, Edoarda se retrouvant seule (Ernesto part à San Remo avec sa sœur), elle prend sa voiture et tente de fuir sa vie. Les personnages vont alors se croiser.
Mon avis : je vous invite grâce aux « Amants du bord de mer » à découvrir cet auteur italien méconnu en France. Quelle chance vous avez si vous ne le connaissez pas encore car vous vous préparez à d’excellentes heures de lecture. Cet auteur a été souvent appelé, à raison, le Simenon italien, comme l’auteur français il publie des textes policiers avec un enquêteur récurrent et des romans psychologiques dont fait partie « Les amants du bord de mer »
« Vénus privée » est le premier de la série des Duca Lamberti, et « Six jours de préavis » le premier de la série des « Arthur Jelling » (je crains que cette dernière série ne soit épuisée, mais vous pouvez essayer de les trouver en occasion chez Gibert Joseph, vous trouverez dans le rayon un passionné de Scerbanenco !). Si vous avez le choix je vous conseille les titres publiés chez Rivages / Noir plutôt que 10/18, tous les titres sont en cours de retraduction, les premières traductions datant des années 60 étant d’un niveau moyen.
Pour revenir au titre que je vous présente aujourd’hui les personnages et les paysages sont merveilleusement bien décrits, la pauvreté matérielle et morale des personnages est palpable. Duilio et Simona d’un côté, Edoarda et Ernesto ne connaissent pas les mêmes sortes de tourments mais l’auteur sait nous faire partager leur souffrance existentielle. De Milan à Venise et à Trieste, les évènements qui vont se dérouler vont changer leur vie, la fin est particulièrement réussie et émouvante. Le bord de mer tient évidemment une place de choix.
Pour résumer : de la très bonne littérature, ceux qui aiment Simenon vont adorer… foi de libraire. (les fiches des Duca Lamberti sont à venir).
Vie Annimots et Vive l’Italie !
tu l’as dit Marcorèle, vive l’Italie et pas que pour la littérature, pour le cinéma et pour les pâtes et les pizzas…aux anchois !
Marrant, on dirait que le titre est : Les amants du bord de mer… de ! 🙂
(:-(
bien plus joli que ça !
J’ai fini « les amants du bord de mer » hier, j’ai adoré, il m’a bouleversé juste comme il faut, ce bouquin a tout pour plaire même si je l’ai lu à toute vitesse…Merci pour vos conseils, je ne l’aurais pas acheté sinon..
ça me fait plaisir car il est vrai que certains auteurs sont oubliés bien injustement ! bonnes fêtes de fin d’année.