Le fils de Philippe MEYER

Le Fils de Philipp MeyerParution : septembre 2014 aux éditions Albin Michel –   Collection Terres d’Amérique

Traduit de l’anglais (américain) par Sarah Gurcel

Le genre, le style : roman d’aventures, saga familiale. Trois récits s’entremêlent, trois générations racontent le Texas. Les deux hommes s’expriment à la première personne, le récit de la femme est écrit à la troisième personne.

Les lieux : le Texas (Mexique-USA)

L’auteur : Philipp Meyer est né le 1er mai 1974 à New York. Il a grandi dans la banlieue ouvrière de Baltimore. Sa mère est artiste, son père électricien. Il décroche de l’école publique à 16 ans, travaille pendant cinq ans comme réparateur de vélos puis bénévole dans un hôpital de Baltimore. A 20 ans, après avoir passé un GED (General education development) il suit des cours de littérature anglaise à l’université et décide de devenir écrivain. Il faudra attendre l’obtention d’une bourse en 2008 pour que son rêve se réalise. En attendant il enchaine les boulots alimentaires comme trader dans une banque suisse, ouvrier du bâtiment, technicien médical d’urgence ou ambulancier. Son premier roman « Un arrière goût de rouille » paru en France chez Denoël en 2010 est un succès, « Le fils », son second roman, est finaliste du Prix Pulitzer 2014. Il vit aujourd’hui à Austin au Texas.

L’histoire : le roman commence en 1936, Eli McCullough va avoir 100 ans, il raconte sur une bande audio sa vie et celle du Texas. Sa naissance le 2 mars 1836 coïncide avec la déclaration d’indépendance de la République du Texas (qui va durer 10 ans). La région, appartenant au Mexique, peuplée de redoutables Indiens (les Apaches Lipans, les Comanches) n’avait attiré que modérément les populations mexicaines malgré les mesures attractives proposées : tout homme prêt à s’établir sur ces terres recevra deux mille hectares de terre. Peu de Mexicains y répondent, mais beaucoup de familles américaines débarquent. Parmi celles ci le père d’Eli, Armstrong, qui s’installe dans une concession au bord de la Pedernales River en territoire Comanche. Le pays est riche : terre grasse, Longhorn sauvages à profusion, cochons, biches, poissons, « le seul problème c’était de garder son scalp. ». Ce qui devait arriver arriva, pendant l’absence du père les Comanches investissent le ranch, la mère et la fille sont violées et tuées, les deux jeunes garçons sont enlevés. Eli va vivre trois années dans la tribu.

Parallèlement Peter McCullough, né en 1870, fils d’Eli, rédige le 10 août 1915 ce qu’il appelle un journal pour dire la vérité sur cette famille. Alors qu’il se prépare à fêter les 80 ans du « Colonel », surnom de son père, il revient sur ses années au ranch soumis à l’autorité implacable et sanglante de son père.

Enfin, sautant une génération, nous suivons Jeanne Anne (appelée Jeannie) McCullough, petite fille de Peter et arrière petite fille d’Eli. Ayant pris la succession des affaires pétrolières et de l’élevage de bovins de la famille elle est confrontée au machisme ambiant et au vide de sa vie personnelle. Ambitieuse, sans scrupules et dure elle sera la récipiendaire des drames du passé.

Mon avis : excellent roman qui mêle l’histoire du Texas à celle d’une famille de colons. Nous sommes typiquement dans l’épopée américaine, les Indiens, les cow-boys, les bisons, les Mustangs, les Longhorns, etc. A une différence près… ici nous ne sommes pas dans la mythologie classique, les méchants Indiens et les Blancs qui ne font que se défendre ; ni dans la scénographie résiliente de ces dernières années, les bons Indiens, les méchants blancs américains. C’est la réalité crue qui est décrite, les Mexicains sont considérés comme des moins que rien on peut les tuer sans que les shérifs locaux s’en émeuvent : il y a toujours une bonne raison de tuer un Mexicain, voire toute une famille de Mexicains. Les Indiens sont … des Indiens avec leur culture, leurs traditions, ils se combattent également entre eux, entre tribus des Grandes Plaines. Il est nécessaire de les repousser, de les tuer pour la survie des familles de colons. Le personnage d’Eli décrit magnifiquement les us et coutumes des Comanches, leur survie se concrétise par de grands raids meurtriers. Ils capturent des chevaux et tout le nécessaire pour survivre pendant les hivers rigoureux. Les Comanches entre les mains desquels, en effet, il ne valait mieux pas tomber ! Très bien décrit et écrit.

Pour toutes les générations qui se succèdent il est facile de trouver quelqu’un à combattre. Après les Mexicains, les Indiens et les esclaves noirs on se met à haïr et affronter les Yankees qui veulent remettre en cause la société esclavagiste. Puis, ce seront les Juifs, les Allemands,… Les derniers chapitres voient le capitalisme et la morgue triomphants et méprisants des MacCullough se retourner contre Jeannie. Cela parachève l’œuvre de Philipp qui décrit la part d’ombre du rêve américain.

Pour résumer : si vous aimez les bons gros romans (671 pages : pas une en trop), celui-là est fait pour vous. On a du mal à fermer la lumière le soir et à se décider à dormir… Ce livre est totalement « américain », ce qui normalement n’est pas ma tasse de thé mais là je dis allez-y !

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