Les hommes de bonne volonté de Jules ROMAINS volume 1

1380 pages – 32 €

Parution : de 1932 à 1946 aux éditions Flammarion puis en 1958 chez Robert Laffont en 4 volumes. Réédité dans la collection Bouquins Laffont en 4 volumes comptant chacun 1300 pages environ (facilement trouvable en occasion, c’est ce que j’ai fait (chez Gibert Joseph))

Le style, le genre : ensemble romanesque qui compose une synthèse de vingt-cinq années de vie française entre 1908 et 1933.

L’auteur : Louis Farigoule est né le 26 août 1885 dans le Velay, à Saint-Julien-Chapteuil, mais grandit à Paris avec sa famille. En 1903 il prépare à Paris son concours d’entrée à l’École normale supérieure. C’est cette même année qu’il prend conscience de la communion des êtres humains, une conscience unique qui lie les êtres entre eux.

L’unanimisme est né, qui consiste à saisir par une intuition directe la vie psychique des groupes et des collectivités. Il commence sa carrière littéraire par une plaquette de vers L’âme des hommes, sous le nom de Jules Romains. Dès 1908 il est très lié avec le groupe de l’Abbaye de Créteil, Georges Duhamel, Charles Vildrac, René Arcos, etc. qui se sont retirés à Créteil pour échapper aux servitudes de la société et y exercer un métier manuel, celui d’imprimeur. Il y publie La vie unanime. C’est entre 1924 et 1939 que Jules Romains devient un écrivain traduit dans de nombreux pays, ses pièces de théâtre sont jouées partout (Knock ou le triomphe de la médecine, Donogoo, et bien d’autres), il est considéré comme l’un des trois plus grands auteurs dramatiques contemporains, avec Bernard Shaw et Pirandello.

En 1932 paraissent les quatre premiers volumes des Hommes de bonne volonté chez Flammarion : Le 6 octobre, Crime de Quinette, Les amours enfantines et Éros de Paris. Le succès est considérable. Pourchassé par la Gestapo (sa mère mourra en déportation), il s’exile à New-York où ses ouvrages connaissent un grand succès, certains des derniers volumes seront publiés aux Etats-Unis avant d’être tous réimprimés par Flammarion en France à son retour en 1946. Académicien depuis 1946, il meurt le 14 août 1972, il est inhumé au Père Lachaise.

Les lieux : Paris pour l’essentiel.

L’histoire : Les Hommes de bonne volonté constituent l’un des ensembles romanesques majeurs du XXe siècle. De très nombreuses destinées, entrecroisées ou parallèles, animent, au cours d’aventures tragiques ou légères, sentimentales ou comiques, ce tableau panoramique d’une époque confrontée à une page capitale de son histoire : Louis Bastide, l’enfant de Montmartre au cerceau enchanté ; le délicieux chien Macaire, découvrant à ras de terre un Paris insolite ; Quinette, le relieur criminel plongé dans la fatalité de ses entreprises ; le parlementaire idéaliste Gurau, qui affronte les financiers sans scrupules du Cartel pétrolier et les coquetteries de la jolie Germaine Baader ; Haverkamp, l’affairiste, à qui la création d’une station thermale prépare un destin hors du commun ; les deux normaliens : Jallez, dont le récit des amours enfantines avec la jeune Hélène trace une poétique description de Paris ; Jerphanion, que le rêve d’une société débarrassée de ses féodalités n’empêche pas de conquérir le cœur d’une petite modiste, Jeanne. D’autres encore : Laulerque et Clanricard, les instituteurs, qui partagent avec Sampeyre, leur maître en «bonne volonté», l’espoir d’un monde pacifié…

Mon avis : c’est à un monument de la littérature française que je me suis attaquée cet été (je viens de finir le premier volume), saga romanesque majeure dont j’avais vu une adaptation partielle dans une série TV il y a bien longtemps, elle m’avait donnée envie de lire la totalité de l’œuvre. L’introduction d’Olivier Rony pose bien les fondements du roman et sa place dans la littérature française. Dans la préface de 1932 (temps des premiers volumes) voici l’avertissement que l’auteur délivre à ses lecteurs, c’est à la fois touchant et délicat, laissons Jules nous expliquer sa création : Le volume que je publie n’est pas le premier roman d’une série ou d’un cycle. Il est le début d’un roman de dimensions inusitées. Je suis donc obligé de demander au lecteur une patience et un crédit un peu exceptionnels. Mais ce n’est pas le seul changement que je le prie d’apporter à ses habitudes. L’autre effort, ou pour m’exprimer d’une façon qui me plait mieux, l’autre marque d’amitié et de confiance que j’attends de lui, c’est qu’il veuille bien se faire, dès le début, au mode de composition que j’ai adopté, et croire que je l’ai adopté non pour l’amusement de la chose, mais parce que la nature de mon sujet, l’esprit de cette œuvre, et les tentatives de divers ordres que j’avais faites dans le passé m’y amenaient nécessairement. Au reste, je suis persuadé que l’effort ne sera pas grand, et je me risquerais à promettre que, dans la mesure où il existera, il sera payé ensuite par un plaisir assez nouveau. La seule résistance que je craigne est celle qui vient non du goût spontané, mais des préjugés de l’éducation littéraire. (…)

Je me suis demandée ce que j’allais devoir faire comme effort mais rien de nouveau pour nous lecteurs du XXIe siècle. Pour ceux de 1932 en effet la composition était nouvelle : des juxtapositions de thèmes et des personnages qui étaient auparavant traités dans des romans séparés. Ce qu’il nous propose c’est un tableau foisonnant de la première moitié du XXe siècle, passant d’un chapitre racontant la vie de personnages à un autre. C’est dynamique et cela créée l’envie de poursuivre la lecture, il est difficile de se détacher de tous ces personnages principaux comme secondaires, les aristocrates, les bourgeois, les politiciens, les artisans, les domestiques, les cocottes, les instituteurs, les syndicalistes, les entrepreneurs véreux, les femmes adultères, les hommes à la recherche de l’amour se retrouvent pour offrir une fresque qui en son temps a été un succès majeur dans toute l’Europe et en Amérique. A travers tous ces morceaux de vie j’ai eu un petit faible pour la saga immobilière du duo Haverkamp/Wazemmes, pour Quinette le relieur criminel et pour le parlementaire Gurau et sa maitresse. Restons sur les mots de la fin de sa préface écrite en 1932, même si ensuite il constate amèrement l’échec (vous devinerez aisément pourquoi…) : Je suppose que « les bonnes volontés » sont plus nombreuses qu’on ne croit, et qu’elles ne croient elles-mêmes. Reste à savoir combien de fois elles se trompent ; combien de fois elles se laissent atteler au char de l’ennemi ou, comme le cheval aveugle de la noria, au treuil d’un puit où il n’y a plus d’eau. Les Hommes de bonne volonté ! Une antique bénédiction va les chercher dans la foule et les recouvre. Puissent-ils être, encore une fois, un jour ou l’autre, rassemblés par une « bonne nouvelle », et trouver quelque sûr moyen de se reconnaître, afin que ce monde dont ils sont le mérite et le sel, ne périsse pas.

Pour résumer : je vous engage avant de commencer cette lecture de longue haleine à consulter la biographie chronologique de Jules Romains (ici et ici), incroyable que cet homme ayant tenu une aussi grande place dans le monde des lettres soit aujourd’hui à ce point méconnu ! Le Temps est cruel…

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