Un bonheur parfait de James SALTER

Un bonheur parfait

Un bonheur parfait de James Salter

Parution : édité en 1975 aux Etats-Unis chez Random House

En français en 1997 aux éditions de l’Olivier

en 2008 en poche Points Seuil

Traduction de l’américain par Lisa Rosenbaum et Anne Rabinovitch

 

Le genre/le style : roman américain autour de cette chose mystérieuse qu’est le couple. Phrases courtes écrites à la troisième personne.

Les lieux : New York – dans une maison de campagne au bord de l’Hudson non loin de New York – Davos (Suisse) – Rome (Italie).

L’auteur : James est né le 10 juin 1925 à New York. Issu de la middle-classe américaine il termine en 1945 ses études d’ingénieur. Il sort cinquième de sa classe de l‘académie militaire de West Point (son père l’a fortement incité à suivre la même voie que lui) et entre dans l’US Air Force comme pilote. James participe à la guerre de Corée puis il prend la décision d’entrer au Pentagone. Il est affecté en France et commence à écrire. James A. Horowitz publie son premier roman sous le nom de James Salter en 1956 et démissionne de l’armée pour se consacrer pleinement à l’écriture. Son troisième roman, Un sport et un passe-temps, lui vaut une réputation internationale. Se déroulant en France dans la période de l’après-guerre, c’est un roman érotique basé sur le fantasme de la rencontre entre un étudiant américain et une jeune Française, il est alors qualifié aux Etats-Unis de pornographe.

Suivent Un bonheur parfait, L’Homme des hautes solitudes et un recueil de nouvelles, American Express. James a également publié une autobiographie Une vie à brûler. Il vient de faire paraître (en septembre 2014) aux éditions de l’Olivier « Et rien d’autre »annoncé comme un très grand livre.

L’histoire : Viri et Nedra mènent une existence en apparence heureuse, deux filles (Franca et Diane), un chien (Hadji), un poney (Ursula) une belle maison sur les bords de l’Hudson. Viri est architecte à New York et rêve de créer un bâtiment dont tous se souviendront. Nedra quant à elle se lève tard, se balade dans les rues de New York (elle aime particulièrement celles de Broadway), va au musée, rend visite à son mari à son bureau, fait les magasins, cuisine (avec des couteaux et des produits français …). Ils ont beaucoup de relations, même si Nedra dit « qu’elle n’a pas d’amis qu’elle a du mal à s’en faire », ils organisent des soirées chez chacun d’eux. Leur couple est un exemple pour tous. Et puis… Viri regarde Kaya, Nedra regarde Jivan. Viri commence à se sentir « incertain, à la dérive » constate que « son rêve pâlissait au fil des ans ». Nedra veut rencontrer des gens extraordinaires, elle dit à Eve « la seule chose qui me fasse peur, ce sont les mots  vie ordinaire ». La suite c’est James Salter qui l’introduit : « En réalité, il existe deux sortes de vie, selon la formule de Viri : celle que les gens croient que vous menez, et l’autre. »

Mon avis : Comment bien rendre compte de ce livre pour donner envie de plonger dans l’univers de James Salter ? Pas facile. Quand un libraire conseille cet auteur à un lecteur néophyte (en général le roman bénéficie d’un petit texte « coup de cœur ») il vous dit tout de suite « bon vous savez dans les romans de Salter il ne se passe rien, il faut le savoir… ». En effet je confirme : pas de rebondissements spectaculaires, ici ce ne sont que des épisodes de vie qui sont racontés. MAIS il n’y a qu’un grand écrivain qui peut ainsi les sublimer et leur faire atteindre l’universel. Chaque mot est pesé et touche au cœur et à l’âme. Chacun des personnages est profond, à travers eux c’est de nous qu’il s’agit. Qu’aurions nous fait à la place de Viri et Nedra ? Et les relations entre Arnaud et Eve, Viri et Kaya,  Nedra et Jivan, de Marcel-Maas, de Kate, de Lia, etc. ?

Comment menons nous notre vie, nous qui l’avons désirée paisible (heureuse ?) et finalement sans relief ? Ou bien nous qui assumons une vie fragmentée (malheureuse ?) et tourmentée ? Où est le bon équilibre ? Beaucoup de questions, finalement peu de réponses dans ce texte puisque le bonheur est insaisissable…

Extrait d’une interview dans Le magazine littéraire 30/10/2008

Un bonheur parfait décrit la félicité domestique fugace vécue par Viri et Nedra. Pourquoi avoir choisi ce thème du bonheur ?
Les écrivains, pour la plupart, jugent le malheur plus intéressant que le bonheur. Mais tous les auteurs peuvent écrire des comédies, des tragédies… écrire sur le bonheur se révèle bien plus difficile, parce qu’il est insaisissable. A l’origine, je n’avais pas choisi de travailler sur le bonheur. Je voulais écrire à propos d’un couple que je connaissais très bien, autrefois. Non pas en dressant leur profil conjugal, ou en tirant leur portrait. Mais plutôt en rassemblant une série d’images signifiantes, les plus importantes, celles que le souvenir aurait gardées. Restituer la façon dont le passé apparaît à notre mémoire en créant un enchaînement d’images plus que des scènes complètes. Puis je suis tombé sur cette citation de Jean Renoir : « les seuls choses importantes d’une vie sont celle dont on se souvient. » Elle m’a conforté dans ma volonté. Et puis, plus tard… Vous savez, j’ai écrit ce livre sur ce couple dont je vous parlais. Quand le livre est sorti, ils étaient encore ensemble. Et quelques années après, ils ont divorcé. Elle est morte, il s’est remarié.

Exactement comme dans le roman ?
Oui. Je ne veux pas dire que le texte prophétisait leur divorce, il n’y a là rien de magique. Simplement, je connaissais si bien ces gens… C’était une intuition. Vous savez, lorsque vous connaissez bien un couple et que vous sentez qu’ils ne vont pas finir ensemble. Et vous les connaissez si bien que vous pouvez vous dire, « Oh, lui, il n’aura pas de problème à retrouver. Elle, en revanche… ». Et bien c’était un peu le même type d’intuition.(…)

Pour résumer : Un livre qu’on appréciera davantage à partir de la quarantaine. Un style qui m’a, au début, décontenancé voire gêné car il emploie des phrases très courtes. Mais au bout de quelques pages j’ai été conquise.

 

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