Parution : Gallimard 2012 – en poche Folio en janvier 2014
Le genre/Le style : récit d’aventure tirée d’une histoire vraie, composé sur le mode de l’alternance entre les chapitres : une relation épistolaire entre Octave de Vallombrun et le président de la Société française de géographie, et le récit de ce qui est arrivé au « sauvage blanc ».
Les lieux : à bord de la goélette « Saint-Paul » de Bordeaux au Cap. Une baie quelque part en Australie – Sydney – Londres – Saint Martin de Ré.
L’auteur : François est né en 1959 au Cannet (Alpes maritimes), il est haut fonctionnaire (diplômé de l’ENA en 1984). Il était conseiller technique de Jean-Jacques Queyranne (secrétaire d’Etat à l’Outremer) au moment des négociations sur l’accord de Nouméa en 1998. Puis il a été secrétaire général adjoint du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie de 1991 à 1993 avant d’être nommé, à compter du 18 août 2009, secrétaire général. Il a également été administrateur supérieur des Terres australes et antarctiques françaises de 2000 à 2005. Il est aujourd’hui vice-président du tribunal administratif de Grenoble.
Il a écrit deux essais « Les Institutions de la Nouvelle-Calédonie » en 2003 et « Paul-Émile Victor et la France de l’Antarctique » en 2006. « Ce qu’il advint du sauvage blanc » est son premier roman, il a été couronné par huit prix littéraires dont le Goncourt du premier roman 2012.
L’histoire : Octave de Vallombrun est un aristocrate français fasciné par les explorations scientifiques. Son but : servir la Science. Après une expédition de 10 mois en Islande et la rédaction d’un mémoire il est nommé membre correspondant de la société française de géographie. Il s’embarque à nouveau pour une découverte des îles du Pacifique le menant de Sydney à Lifou, des Fidji à Auckland. Un soir de mars 1861, alors qu’il est de retour à Sydney, lors d’un dîner chez un négociant, le capitaine du navire qui l’avait ramené des Fidji quinze mois plus tôt lui demande si en tant qu’explorateur il a quelque idée sur le sauvage blanc ?
C’est alors qu’il apprend qu’un ketch (voilier à deux mâts) a ramené un homme nu, couvert de tatouages, ne parlant aucune langue connue, mais un homme blanc… Trois jours plus tard le gouverneur de la ville est bien ennuyé car le sauvage est en prison et il ne sait pas quoi en faire. Il organise une réunion avec des représentants des principales nations européennes persuadé qu’en entendant la langue maternelle de chacun d’entre eux le sauvage réagira et il pourra ainsi s’en débarrasser. C’est la langue française d’Octave de Vallombrun que semble comprendre le sauvage, il se charge de cet homme et le ramène en Europe en juillet 1861.
Le 5 novembre 1843 Narcisse Pelletier, marin à bord de la goélette saint Paul, s’est éloigné de la plage où ont été débarqués plusieurs marins à la recherche d’eau douce. La chaloupe revient au bateau sans Narcisse, le capitaine prend la décision de repartir sans lui, des malades à bord et un mouillage médiocre l’ayant officiellement justifié. Donné pour mort par la marine, il se retrouve seul à 18 ans sur une plage du Pacifique, recueilli par une tribu aborigène…
Mon avis : c’est un roman magnifiquement bien écrit qui va bien au-delà de la recension d’un simple fait divers.Le destin du jeune Narcisse m’a touché mais l’aventure d’Octave est également passionnante à suivre. Le 19e siècle est bouillonnant, on assiste à la naissance ou à l’affirmation de plusieurs disciplines des sciences humaines. La géographie, la morale, la pédagogie, la grammaire, la politique voire la médecine ne suffisent plus à Octave pour comprendre cette histoire, chaque discipline restant isolée les unes des autres. Octave nous parle « d’une science globale pour réunir toutes les connaissances éparses qui nous renseignent sur l’Homme », c’est la sociologie, l’ethnologie, la psychologie et l’anthropologie mixées et qu’il appelle « l’Adamologie » (définition page 333). Plus largement François nous entraine dans une réflexion sur la notion de civilisation. Octave de Vallombrun recueille Narcisse et tente de lui réapprendre la civilisation ! Oui mais laquelle ?
Pour résumer : roman à conseiller pour son double aspect, l’aventure et la réflexion. Très bon moment de lecture pour tout public.