Parution : mars 2015 aux éditions Flammarion
Le genre, le style : roman policier, dans un style délicatement humoristique et décalé
Les lieux : Islande, Paris, Vallée de Chevreuse (Yvelines).
L’auteur : Frédérique (Audoin-Rouzeau) est née le 7 juin 1957 à Paris. Après des études secondaires au lycée Molière elle réussit son doctorat d’histoire en étudiant la peste au Moyen-Age. Chercheuse au CNRS sa formation archéologique est centrée sur l’époque médiévale, spécialité archéozoologie (étude des restes animaux en archéologie).
Alors qu’elle travaille sur un chantier dans la Nièvre, elle écrit pendant son temps libre son premier roman policier « Les jeux de l’amour et de la mort » qui sera publié en 1986 aux éditions du Masque. Coup de maître : elle obtient le prix du roman policier au Festival du film policier de Cognac en 1986. Pourtant elle écrit deux autres romans qui ne seront pas retenus par les éditeurs. C’est seulement en 1991 qu’elle trouve une maison (Hermé) pour son quatrième roman « L’homme aux cercles bleus ». L’aventure ne dure pas longtemps, Hermé fait faillite, Frédérique repart sur les chantiers de fouille jusqu’à ce que Viviane Hamy qui vient de créer une collection policière, « Chemins nocturnes », soit emballée par ses textes et la publie. Fred vient de quitter, au grand regret de beaucoup de professionnels du livre, les éditions Viviane Hamy, petite maison d’édition magnifique, pour rejoindre la grosse cavalerie de Flammarion… Chacun de ses romans est traduit dans 40 pays, elle y a obtenu de nombreux prix.
L’histoire : Paris. Alice Gauthier, professeur de mathématiques, est victime d’un malaise dans la rue, elle est secourue par une jeune femme. Celle-ci, après le départ des pompiers, poste la lettre qui s’était échappée de la poche de la blessée. Quelques jours plus tard Alice meurt dans sa baignoire, les veines ouvertes, cela ressemble à un suicide mais le commissaire Bourlin du commissariat du 15e arrondissement renâcle à classer l’affaire, il n’aime pas les suicidés qui ne laissent pas de lettre et reste intrigué par un signe tracé à côté de sa baignoire qui ressemble à une guillotine. Le commissaire pense immédiatement à Danglard du commissariat du 13e pour l’aider à comprendre l’incompréhensible : la grosse pelote d’algues enchevêtrée.
L’enquête mène Adamsberg et son équipe dans les Yvelines à la recherche d’une piste, c’est là qu’ils apprennent que le nom d’Alice est lié à un voyage en Islande quinze ans auparavant qui a vu un groupe de Français échoué sur un îlot connaître un drame particulièrement traumatisant : deux des voyageurs sont morts de froid. Je n’en dirai pas plus sur cette histoire…
Mon avis : Fred s’est replongée avec encore plus de vigueur que d’habitude dans son milieu professionnel d’origine : l’histoire et l’archéologie. Des fouilles de trous de poteaux en Islande avec Almar un Islandais féru d’anatomie qui a étudié la médecine à Paris aux reconstitutions des séances de l’Assemblée Nationale pendant la Révolution avec les orateurs les plus prestigieux grimés et pénétrés de leurs rôles tels Robespierre, Danton, Brissot ou Saint Just. On se donne du « citoyen » avec tellement de conviction que Danglard ne peut qu’être subjugué. Cette « association d’étude des écrits de Maximilien Robespierre » est mystérieuse à souhait.
C’est un très bon roman de Fred Vargas marqué par une fracture plus nette que d’habitude entre les pro – Adamsberg et les anti. Les tensions entre Adrien Danglard et Jean-Baptiste Adamsberg nous font retenir notre souffle autant que l’intrigue policière en elle-même tellement ces deux êtres se complètent à merveille et tellement nous nous sommes attachés à eux, à leur fantaisie. Il règne dans ce roman peut être encore plus que dans les autres une atmosphère de poésie crépusculaire, sans doute la brume islandaise…
Pour résumer : un bon cru. Fred réussit plus que jamais à nous divertir, nous amuser et nous cultiver. Je conseille toujours à ceux qui n’ont pas encore lu les rom-pol de Fred Vargas de suivre l’ordre de parution pour comprendre l’évolution des personnages.