
Parution : en juin 2017 en auto édition, uniquement disponible pour l’instant sur Amazon (il faut savoir passer au-dessus de ses convictions quand le livre n’est pas vendu ailleurs ! …), vous pouvez le commander ici.
Le style, le genre : roman dystopique ayant pour thème la littérature et l’enfance.
L’auteur : nous ne connaissons pas encore grand-chose d’Audrey, seulement ce que j’ai lu ici ou là, elle est née en 1976 dans la région parisienne qu’elle a pris la décision de quitter pour aller s’installer quelque part sur les hauteurs de la Savoie. Qu’elle se passionne pour l’écriture, la peinture, le théâtre et la photographie. Elle écrit de merveilleux petits textes sur son blog « Littérature et billets d’humeur : Parole de vilaine » que je lis le matin sur mon smartphone dans le bus 47 en allant travailler. Elle avait été repérée en 2011 par une petite maison d’édition (Léda) qui a publié deux nouvelles : Quand je serai vieille et Une phobie particulière.
Les fleurs roses du papier peint est son premier roman.
Les lieux : une maison, une chambre d’enfant, une école, le cabinet d’un neurologue. Tout cela dans un futur proche.
L’histoire : Mildred est une enfant de 6 ans chétive, solitaire, silencieuse qui vit dans un monde hostile. A l’école les autres enfants n’ont pas la capacité d’établir des relations avec elle, pas plus qu’elle ne souhaite le faire elle non plus, les insultes et les moqueries pleuvent. Son frère, Aldous, ne la défend guère tout occupé qu’il est à se démarquer d’elle et à garder ses copains. Elle est différente et s’isole. Ses parents Jacqueline et Antonin sont convoqués à l’école, madame Barnabé, son institutrice, n’a pas le choix : « – Voilà, si je vous ai convoqués pour un entretien en IRL, c’est que je… Enfin… Je veux dire : nous, le personnel enseignant, sommes inquiets pour Mildred. – Ses résultats sont excellents ! s’exclame Antonin Gronchon. Je ne vois pas bien ce qui peut vous inquiéter ! – Je ne le nie pas, ses résultats scolaires sont parfaits. Monsieur Gronchon, ce n’est pas la question, nous n’avons rien à dire de ce côté-là. Non le souci est que… Comment vous dire ? Votre fille n’est pas comme les autres, elle…
Madame Barnabé reprend son souffle, étire un instant sa nuque puis s’élance : -Elle lit des livres… »
En effet elle lit des livres qu’elle cache dans sa chambre dans un futur où la lecture est interdite, les livres ne survivent que dans des collections privées bien cachées, et où l’informatique dirige les vies. On la soumet à un traitement neurologique de choc, mais dans ce désastre une grand-mère rebelle et fantasque va tout bouleverser.
Mon avis : après être sortie de la lecture des trois tomes de la chronique transylvaine il n’était pas simple de choisir le livre d’après… Mon entourage m’a d’ailleurs fait passer le message que c’était dur de choisir cette auteure et son premier roman… Mais mon choix a été judicieux car je connais le style d’Audrey (sous le pseudo de La Vilaine) pour lire ses petits textes sur son blog et son univers n’a que très peu à voir avec l’empire austro-hongrois 😊. Le thème choisi par Audrey n’est pas nouveau : la littérature proscrite car dangereuse pour des modes de sociétés dirigistes et consuméristes mises en danger par la réflexion et l’esprit critique qui en découlent. A la fin de la lecture je me suis dit qu’elle aurait pu se passer de choisir pour cadre une telle société futuriste car il suffit de ne pas aller très loin pour rencontrer des familles où la lecture est une perte de temps et son utilité discutée. Les descriptions des programmes informatiques de gestion du temps et des activités humaines n’apportent pas grand-chose, son récit aurait été tout aussi fort sans, car ce n’est pas dans ces passages que se situe son talent. Mais au final je lui donne tout de même raison car sans cela elle n’aurait pas pu écrire ce dénouement si merveilleux.
Là où Audrey est une des auteures les plus délicates et subtiles que je connaisse c’est dans les passages où elle nous fait vivre les affres de cette enfant délicate, ce sont les meilleurs.
« Telle une droguée en manque d’opiacées, Mildred fouille frénétiquement sa chambre. Elle démonte et vide maladroitement tous les tiroirs, passe sa menotte derrière chaque meuble, chaque recoin, étire son bras au plus loin pour tâter dans les plus petits espaces, glisse sous son lit, en extrait de vieux mouchoirs un peu douteux…Il doit bien rester un livre oublié quelque part. Une feuille, mot griffonné, une chose à laquelle se raccrocher ! Sa gorge est de plus en plus serrée, la sueur roule dans son dos, une transpiration glacée de gamine terrifiée. Elle sent monter un hurlement sourd et désespéré. Rien… Il n’y a plus rien… »
Ce qui m’a touchée aussi, moi qui ai affaire toute l’année à des jeunes qui ont un rapport à l’écrit très vague et où la notion de culture est presque inconnue, c’est que dans cette histoire l’École est privatisée et tenue par des multinationales, qu’a-t-on à en faire des livres et de la culture ? Il n’y a qu’à voir le désarroi de cette pauvre madame Barnabé obligée de s’y soumettre… Tant que l’école publique de qualité tient le coup le livre et la culture sont préservés, on peut l’espérer…
Pour résumer : un premier roman prometteur que je conseille à tous les publics, grand-mères, enfants, et anciens enfants aussi ! C’est à la fois tragique et enchanté. Ses autres textes sont à lire sur son blog. Qu’il est enthousiasmant d’accompagner un nouvel auteur !
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