
Parution : en mars 2017 dans les éditions Métailié, en mars 2018 en format poche chez Points.

Le genre, le style : roman policier dont la narratrice est l’héroïne, Patience Portefeux.
L’auteur : Hannelore Cayre est avocate pénaliste, elle est née en mars 1963 à Neuilly sur Seine d’une mère juive autrichienne. Elle vit à Paris.
Elle est l’auteur, entre autres, de Commis d’office, Toiles de maître et Comme au cinéma. Elle a réalisé plusieurs courts métrages, et l’adaptation de Commis d’office a été son premier long métrage. Elle collabore également à la Revue XXI.
Elle est fascinée par Nadia Comaneci, que les plus âgés connaissent ! Pour en savoir plus sur Hannelore cet entretien très sympa sur France inter.
Elle a obtenu pour ce roman le Grand Prix de littérature policière – 2017 et le Prix Le Point du polar européen – 2017.
Les lieux : Ile de France.
L’histoire : Patience a 53 ans, son boulot c’est interprète judiciaire français-arabe. Elle traduit les conversations des dealers sur écoute qui sévissent en Ile de France. C’est une femme ayant une vie « normale », un doctorat d’arabe en poche, deux filles. Veuve elle vit une relation avec Philippe un flic divorcé qui travaille à l’office de répression des stups à Nanterre. Alors qu’elle a servi la justice sans faillir, traduisant des milliers d’heures d’écoutes téléphoniques elle franchit la ligne jaune. Comment ? Rien de plus simple, il suffit de détourner une montagne de cannabis… Le résumé sur la quatrième de couverture vous le dit donc je ne divulgâche rien. 🙂
Mon avis : voilà un polar comme je les aime, c’est drôle, anti conformiste, grinçant mais néanmoins servi par une trame haletante et très bien construite. C’est parce qu’elle connait parfaitement ce milieu qu’elle nous le restitue avec autant de précision, de brio avec des traits acides posés ici ou là.
« C’est que je pourrais écrire une thèse sur les trafiquants de stupéfiants tant j’en ai écouté et tellement je les connais bien. Leur petite vie est à l’image de celle de n’importe quel cadre de la Défense : totalement dépourvue d’intérêt.
Ils ont en général deux lignes de téléphone : la « business » qui change sans arrêt de numéro et la « hallal », plus pérenne, consacrée à leur vie privée. Le truc est qu’ils parlent aux mêmes personnes avec les deux et que souvent ils se trompent de mobile : « Ouais, frère, salam aleikoum, apporte moi 10 à la chicha… » L’interlocuteur raccroche sans dire un mot. Deux, trois essais suivent mais l’interlocuteur ne décroche plus. Message : « Eh mec, ça se fait pas de pas décrocher… » juron… « euh, je te rappelle sur l’autre. » Et du coup la ligne hallal est grillée. (…) Même ceux qui sont très méfiants, qui ne se parlent que par WhatsApp, Telegram ou Blackberry PGP, à un moment, parce qu’ils ont besoin de pousser un coup de gueule, ne peuvent s’empêcher de prendre leur téléphone sur leur ligne classique et se trahissent comme les cons qu’ils sont. »
Les trafiquants en prennent pour leur grade : désopilant !
« Les premiers clients de ma nouvelle vie m’ont été servis sur un plateau par le dossier des stups des trois Marocains que je suivais justement à la 2e DPJ. C’était la conjonction parfaite, l’alignement des astres : des types suffisamment abrutis pour ne pas trop se demander d’où je venais et qui avaient un besoin urgent de marchandise en raison d’un « accident de livraison ».
Pour résumer : sur le fond comme sur la forme rien à redire ! à ne pas manquer.