
Parution : en 1989 en Allemagne sous le titre Versuch über die Müdigkeit, en 1991 en France chez Gallimard collection Arcades et en poche Folio. Traduction de l’allemand par Georges-Arthur Goldschmidt.
Le genre, le style : premier essai sur l’exploration littéraire de notre quotidien. Suivront Essai sur le juke-box, Essai sur la journée réussie qui sont sur ma pile de livres à déguster. Essai sur le lieu tranquille et le dernier en date, Essai sur le fou de champignons, sont à découvrir.
L’auteur : Peter Handke est né le 6 décembre 1942 à Griffen en Autriche dans la région de Carinthie. Sa mère était Slovène et son père Allemand. Il fait des études de droit et devient écrivain à plein temps dès 1966 avec la publication de son premier texte Die Hornissen – Les Frelons.
Ecrivain, traducteur, scénariste et réalisateur autrichien, auteur du scénario du film Les Ailes du désir de Wim Wenders, ses œuvres ont été simultanément célébrées et sévèrement critiquées pour leur caractère provoquant et leur usage de techniques non conventionnelles, il est influencé par le Nouveau roman et revendique le rejet du modèle dominant de la littérature. Depuis une vingtaine d’année son écriture et ses thématiques sont plus apaisées même s’il continue à bâtir une critique sévère de nos sociétés contemporaines. Il est, entre autres, un des traducteurs de Patrick Modiano, de René Char et de Francis Ponge.
Les lieux : en Autriche, pays natal de l’auteur, et dans d’autres endroits mais à vrai dire le lieu n’a guère d’importance.
Le thème : « La fatigue soudain saisit l’enfant au milieu des siens, puis c’est la fatigue mortelle des cours morts de l’université ; mais il y a des fatigues plus profondes, plus intérieures, séparatrices et révélatrices à la fois. Cette fatigue-là creuse les êtres et leur donne aussi une présence nouvelle : c’est la clairvoyance de la fatigue. Elle peut rassembler pour un moment autour d’une entreprise commune – une batteuse -, mais il y a aussi les infatigables, les tueurs survivants de l’extermination, frais et dispos, et leurs guillerets descendants. La fatigue peut être tranquille mais la fatigue la plus grande naît peut-être à la vue de la cruauté toute simple, quotidienne. La fatigue donne forme au monde, elle aiguise la perception, elle établit une infranchissabilité réciproque entre les êtres, mais par là aussi une communication. »
Texte Georges-Arthur Goldschmidt.
Mon avis : dans la poursuite de ma lecture des essais du grand Peter, voici l’essai sur la fatigue qui est en fait le premier de la série. Petit livre de 68 pages qui décortique ces moments où l’esprit s’en va, où des lieux, des situations, des personnages vous remplissent d’une grande fatigue de soi et du monde. Aucun endroit n’y échappe, avion, université, cinéma, champ d’oliviers ; aucune compagnie non plus, avec les amis, en couple…
« La fatigue me rendait même rebelle ou me faisait me rebiffer ou m’insurger pendant les heures de cours dans les amphithéâtres. En règle générale, c’était moins l’air confiné et l’entassement de ces cohortes d’étudiants que le manque d’enthousiasme des conférenciers pour une matière qui pourtant aurait dû être la leur. Jamais plus je n’ai rencontré de gens aussi peu animés par leur sujet que ces professeurs et ces chargés de cours de l’université ; n’importe quel employé de banque en train de feuilleter des billets de banque qui ne sont pas du tout les siens, oui tous les ouvriers asphalteurs dans la canicule du soleil en haut et du goudron qui cuit en bas, semblaient avoir plus d’âme qu’eux. Des dignitaires rembourrés de sciure dont la voix n’était jamais portée par ce dont ils parlaient, ni par les élans de l’étonnement (celui du bon professeur qui s’étonne encore de son thème), ni par l’enthousiasme, l’inclination, l’interrogation sur soi-même, ni par la vénération, la colère ou l’indignation, par leur propre ignorance, qui bien au contraire ne faisaient que débiter, scander, hacher sans cesse. »
Peut-être étais-je un peu fatiguée mais ce n’est pas mon essai préféré. Malgré tout c’est toujours une vision singulière, Handke finit toujours par me happer.
Pour résumer : je vais souhaiter à tous de rencontrer la fatigue le moins possible…
Merci de ta sollicitude… 😉
😊
Chère Annie – savez-vous, svp, si le roman de Patrick Modiano, Vestiaire de l’enfance est traduit en anglais ? Merci pour vos pensées. Charlie @ Travel Writers Online
Bonjour Charlie, je ne pense pas. en tout cas je ne l’ai pas trouvé…il faudrait aller en librairie en Angleterre ou envoyer un mail à Gallimard . Bonne semaine à venir . Annie