Parution : en février 2022 dans les éditions Actes Sud.
Broché 396 pages – 22€
Le style, le genre : roman contemporain situé dans les Vosges, ayant pour personnages principaux des gens « ordinaires ».
L’auteur : Nicolas Mathieu est né en 1978, à Épinal. Il est le fils d’une comptable et d’un réparateur d’ascenseur syndiqué CFDT. Après des études d’histoire et de cinéma, il s’installe à Paris où il exerce une multitude de métiers (scénariste, stagiaire dans l’audiovisuel, rédacteur dans une société de reporting, professeur à domicile, contractuel à la mairie de Paris…). En 2014, il publie son premier roman, Aux animaux la guerre, dans la collection Actes noirs, et reçoit le prix Erckmann-Chatrian, le prix Transfuge du meilleur espoir Polar et le prix Mystère de la critique. Il participe à l’adaptation du roman qui devient une série diffusée sur France 3, avec Roschdy Zem dans le rôle principal. Son deuxième roman, Leurs enfants après eux, parait pour la rentrée littéraire 2018. Salué par une critique enthousiaste, il est récompensé par le prix Blù Jean-Marc Roberts, la Feuille d’or de Nancy, le prix des Médias France Bleu-France 3-L’Est Républicain, le prix du deuxième roman Alain Spiess-Le Central et le prix Goncourt 2018. Nicolas Mathieu vit aujourd’hui à Nancy.
Les lieux : Epinal, Nancy, les Vosges.
L’histoire : Hélène a bientôt quarante ans. Elle est née dans une petite ville de l’Est de la France. Elle a fait de belles études, une carrière, deux filles et vit dans une maison d’architecte sur les hauteurs de Nancy. Elle a réalisé le programme des magazines et le rêve de son adolescence : se tirer, changer de milieu, réussir. Et pourtant le sentiment de gâchis est là, les années ont passé, tout a déçu.
Christophe, lui, vient de dépasser la quarantaine. Il n’a jamais quitté ce bled où ils ont grandi avec Hélène. Il n’est plus si beau. Il a fait sa vie à petits pas, privilégiant les copains, la teuf, remettant au lendemain les grands efforts, les grandes décisions, l’âge des choix. Aujourd’hui, il vend de la bouffe pour chien, rêve de rejouer au hockey comme à seize ans, vit avec son père et son fils, une petite vie peinarde et indécise. On pourrait croire qu’il a tout raté. Et pourtant il croit dur comme fer que tout est encore possible.
Mon avis : j’ai retrouvé avec plaisir la patte de Nicolas Mathieu. Cette petite musique qui le place dans la catégorie des auteurs dont le style s’identifie immédiatement. Il crée le lieu où les paysages, les loisirs, les pavillons, les chansons rencontre les espérances, l’envie d’autre chose, le renoncement ou la fuite. Je crois qu’il faut avoir connu les petites villes où il ne se passe pas grand-chose pour être en osmose totale avec les personnages, avoir conscience qu’en être parti à temps nous a peut-être sauvé, ou alors dans un mouvement contraire revenir pour affronter son adolescence et ce qu’on n’aurait jamais dû cesser d’être. Ainsi cette parole de Nicolas : « Tout ce que j’ai détesté pendant des années, eh bien, aujourd’hui, je l’ai dans la peau. Mon métier, c’est de montrer cette ambivalence. »
L’auteur faisant référence, dans le titre du livre, à la chanson de Michel Sardou Connemara veut montrer qu’une même chanson peut avoir pour celui qui l’écoute plusieurs significations (du bal populaire à la fête dans les grandes écoles, avec l’écoute au premier degré qui caractérise une chanson populaire ou son lot de sarcasmes et de mépris). L’heure des bilans ne sonne jamais dans une tonalité paisible, nous retrouvons chez Hélène comme chez Christophe ce besoin de retrouver avec l’autre une communauté de souvenirs mais en même temps de faire avec ce qui les a séparés et qui les séparera sans doute toujours (ce que l’auteur appelle « les affects contradictoires »).
Pour résumer : je suis une fan de Nicolas Mathieu, le romancier qui décrit si bien la vie des gens «normaux » dans les endroits de France où la vie et les grandes espérances y sont difficiles, dans le même mouvement que Simenon en son temps l’avait fait pour la bourgeoisie de province.
J’ai entendu beaucoup de critiques positives sur ce titre qui me tente également beaucoup !
Oui Patrice c’est à lire, c’est un livre profond, je pense que cet auteur va être un « grand » de la littérature française. Bonne journée et bon week-end