Les bandits de Jorge VOLPI

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Parution : en mars 2015 aux éditions du Seuil et en mars 2016 en poche dans l’excellente collection Points Seuil.

Traduit de l’espagnol (Mexique) par Gabriel Iaculli.

Le style, le genre : objet imprimé non identifié, « Opéra bouffe en 3 actes »… selon l’auteur, qui alterne à la fois l’autobiographie d’un financier en fuite, un roman d’espionnage, un roman historique et un manuel d’économie financière. Il mélange le passé et le présent avec de véritables personnages et d’autres fictifs pour chaque époque.

Sa conception ambitieuse du roman, il la résume dans une expression, celle de « textes mutants » : pour lui, les meilleurs livres aujourd’hui ne sont ni les fictions ni les essais, mais ceux qui fusionnent les genres et s’emparent du réel avec les outils de l’imaginaire, en mélangeant personnages fictifs et historiques.(L’Opinion – 1er avril 2015)

En 2008 dans Le Temps des cendres, il avait déjà mis en scène personnages fictifs et historiques tels Khrouchtchev, Gorbatchev, Reagan, Clinton, Alan Turing ou John K. Galbraith, sur fond de guerre froide et de mondialisation.

Là on comprend un peu mieux !

Les lieux : New York

L’auteur : Né à Mexico en 1968, Jorge Volpi a d’abord étudié la littérature et le droit avant de devenir avocat. Il est l’auteur de plusieurs romans et d’un essai sur l’histoire intellectuelle de 1968. Son roman, À la recherche de Klingsor, publié en 19 langues, a reçu le prestigieux Prix Biblioteca Breve en 1999, attribué avant lui à Mario Vargas Llosa et Carlos Fuentes. Il fait partie d’un mouvement littéraire mexicain « La génération du crack » en rupture avec la génération précédente « la génération du boom » représenté entre autres par les anciens Cortazar, Sabato, Fuentes, Vargas Llosa, Garcia Marquez, etc.

L’histoire : à la suite du désastre financier de 2008 le directeur d’un fonds d’investissement J.V. Capital Management et mécène du Metropolitan Opera est accusé d’avoir détourné quinze milliards de dollars. Alors qu’il est en fuite quelque part dans un paradis fiscal, il envoie à un agent littéraire un manuscrit révélant comment les banques de Wall Street (et lui-même) se sont enrichies sans limites pendant la bulle immobilière occasionnant la plus grande catastrophe économique mondiale depuis 1929. En parallèle il s’intéresse à son père décédé avant sa naissance, Noah Volpi. Ce dernier, employé au Trésor américain en 1945, a participé à la création avec Henry Morgenthau, Keynes et Harry Dexter White (accusé lui aussi d’espionnage) du FMI et de la Banque Mondiale et pourrait avoir été un espion au service des Soviétiques. Volpi charge une jeune historienne, Leah, de mener l’enquête sur son père. Etait-il communiste ? Etait-il un espion ?

Mon avis : c’est un roman très dense car de nombreux thèmes sont abordés. La guerre froide, la création des deux grandes institutions financières mondiales, la chasse aux communistes pour la « période historique » et pour la période contemporaine les rouages de Wall Street nous sont expliqués. Les subprimes, le marché des dérivés financiers, les paris sur les indices de risques, les contrats de couverture de défaillance, etc. n’auront plus de secrets pour vous – il est très pédagogue -, ils vont amener beaucoup d’établissements (et surtout leurs clients) au chaos (les noms sont maintenant ancrés dans la mémoire collective : Lehman Brothers, Fannie Mae et Freddy Mac, Merrill Lynch, etc.)

Tout cela magnifiquement orchestré par une trame romanesque efficace. Le récit ne connaît pas un seul temps mort. Il y a du cynisme et de l’humour dans ce personnage même si tout au long du roman les mensonges, les escroqueries, les coups fourrés abondent. Et puis ce sentiment permanent ressenti « qu’est ce qui est vrai ? Qu’est ce qui est faux ? » Vous allez sans doute comme moi être poussé(e) à aller vérifier sur internet ou sur vos bouquins d’histoire la véracité de tel ou tel événement… plutôt bien non ?

Pour résumer : le mélange entre la fiction et la réalité est brillante, il faut tout de même s’intéresser un minimum aux mécanismes économiques et financiers et à la période de l’après guerre pour profiter au maximum de ce livre. C’est un roman très original.

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