
Parution : en octobre 2017 aux éditions Michel Lafon, sortie en poche à surveiller en fin d’année.
Le style, le genre : roman policier fortement ancré dans la réalité, il a pour cadre les lieux de migration africains et le lieu de regroupement à Calais appelé la « jungle ».
L’auteur : il est né en 1975 à Toulouse. Il s’engage dans l’humanitaire à Pharmaciens sans frontières (Guyane, ex-Yougoslavie) puis devient policier à la section des enquêtes et recherches du SDPJ 93. Actuellement en disponibilité, il publie plusieurs romans policiers ayant pour cadre la Seine-Saint-Denis et pour héros le capitaine Coste, Code 93, Territoires et Surtensions, tous publié par Michel Lafon.
Les lieux : la Syrie, la Libye, la Méditerranée, Calais.
L’histoire : pour fuir la guerre Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya de Damas, Beyrouth, Aman à Tripoli puis à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l’attendre en sécurité, en France. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir.
Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu’il découvre, en revanche, c’est un monde où les plus forts dominent. Dans cet univers sans loi, aucune police n’ose mettre les pieds. Un assassin va profiter de cette situation.
Dès le premier crime, Adam décide d’intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est flic, et que face à l’espoir qui s’amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou.
Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu’elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d’ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger.
Mon avis : il était temps que je découvre l’univers d’Olivier Norek dont on me parle beaucoup. D’habitude ses romans ont pour cadre la Seine-Saint-Denis, mais j’ai commencé par le dernier qui est à couper le souffle. Olivier Norek sait de quoi il parle, il a travaillé 18 ans dans la police et s’est immergé dans la jungle de Calais pour écrire ce livre. Il restitue avec une précision digne d’un reportage les différents protagonistes de cette tragédie, sans doute même encore mieux puisqu’il ne peut y avoir aucune distanciation entre nous et les différents personnages en scène. Ce n’est plus un récit sans consistance émotionnelle, il prend chair sous les traits d’Adam, de Kilani, de Nora et Maya, de Bastien et sa famille et de tous les autres.
Les migrants vivent dans des conditions épouvantables ne pensant qu’à rejoindre Youké (UK = l’Angleterre), dans le camp on y voit des psychopathes, des violeurs, des djihadistes qui recrutent et chez les policiers du commissariat de Calais ce sont des hommes et des femmes fragiles, épuisés, quelquefois dépressifs, impuissants devant ce désastre humanitaire.
Le suspense est permanent, Adam ne sait pas ce que sont devenues sa femme et sa fille, nous, nous le savons très vite et pourtant nous attendons dans l’angoisse, comme lui…
Pour résumer : c’est un polar mais c’est aussi un vrai documentaire sur les migrants à Calais. La synthèse est géniale ! A lire absolument.