Parution : première édition en 1999 aux éditions Cylibris, puis revue en 2007 aux éditions La Volte et enfin en poche chez Folio SF en 2009.
Le style, le genre : roman d’anticipation politique, les actions et les émotions des personnages sont narrés à la première personne par chacun d’eux.
L’auteur : Alain Damasio est né le 1er août 1969 à Lyon, c’est un auteur de science-fiction français. Après des études de commerce, il se met à l’écriture. Il écrit de nombreuses nouvelles, dans lesquelles il mêle science-fiction, fantasy et dystopie politique. Il est connu pour son époustouflant roman La Horde du Contrevent, qui remporte le grand prix de l’Imaginaire en 2006. Mais en 1999, il avait publié son premier roman, La Zone du dehors, dans lequel il s’intéressait aux sociétés de contrôle sous le modèle démocratique, «Prix européen Utopiales 2007 ».
Il écrit des nouvelles Demain le travail (éditions La Volte), Au bal des actifs, Aucun souvenir assez solide, etc.
Il est également passionné de jeux vidéo. Il cofonde le studio Dontnod Entertainment en 2008 (avec Aleksi Briclot, Hervé Bonin, Jean-Maxime Moris et Oskar Guilbert), il s’en éloigne pour écrire son dernier roman Les furtifs. Damasio est également crédité comme script consultant pour l’épisode 1 du jeu vidéo Life Is Strange.
Son engagement militant est indissociable de son œuvre : défenseur de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, signataire d’une pétition en 2019 demandant l’amnistie des gilets jaunes, appel au boycott en 2018 de la saison culturelle croisée France-Israël, qui, selon l’objet de la pétition, sert de « vitrine » à l’État d’Israël au détriment du peuple palestinien, etc.
Les lieux : la communauté humaine de Cerclon, non loin de Saturne.
L’histoire : nous sommes en 2084. Orwell est loin désormais. La Terre est devenue inhospitalière, les Humains ont créé des communautés sur des planètes sans atmosphère, baptisées Cerclon 1, 2 et 3 rassemblant chacune 7 à 10 millions de personnes. Sous un dôme rendu vivable par l’ox (oxygène) le totalitarisme a pris les traits bonhommes de la social-démocratie. Laquelle ? La nôtre. Au cœur de cette glu, un mouvement, une force de frappe, des fous : la Volte. Le Dehors est leur pays, subvertir leur seule arme. Emmenés par Capt, professeur d’université, philosophe et stratège, le peintre Kamio et le fulgurant Slift que rien ne bloque ni ne borne, ils iront au bout de leur volution – et même au-delà, sous la crainte permanente d’être condamnés à mort, jetés au fond du Cube, réceptacle de tous les déchets métalliques, huileux et radioactifs.
Mon avis : La Zone du Dehors est un roman d’anticipation qui décrit le contrôle quasi permanent des individus alors que le modèle se veut pourtant démocratique. Les citoyens se contrôlent mutuellement, et leurs représentants sont chargés de prendre en compte ce désir de rendre leur vie la plus sécurisée possible au mépris des libertés individuelles. C’est l’histoire de La Volte, organisation terroriste pour certains et mouvement de libération pour d’autres qui combat la social-démocratie celle qui flique pour notre plus grand bien.
Le texte est composé des impressions et des actions des différents protagonistes, beaucoup de dialogues et beaucoup de plages de réflexion sur le sens des actions menées. Comme dans La horde du contrevent il explique sa prédilection pour les récits polyphoniques, et pour le travail physique, physiologique de la langue, par « un besoin vital d’habiter plusieurs corps, et de se laisser lui-même habiter ».
C’est un roman militant, inspiré des travaux de Michel Foucault et Gilles Deleuze, par moment j’ai eu l’impression de me retrouver au sein du mouvement des gilets jaunes pour qui l’auteur a une grande sympathie. J’ai été un peu agacée parfois par ce côté-là du roman, surtout dans le premier tiers un peu longuet à mon goût. Il n’empêche que les différentes approches créées par les caractéristiques des personnages font réfléchir : faut-il des actions violentes pour faire entendre son point de vue ? Combat éternel entre les partisans de la violence et les plus modérés. L’actualité sociologique au niveau mondial nous offre des terrains de réflexion très concrets.
Après ces quelques critiques j’ai tout à fait retrouvé le brio et la profonde réflexion qui animent Alain Damasio que j’avais découvert dans l’ébouriffante Horde du Contrevent. Le texte est incisif, le sens du suspense admirable et les atermoiements ou certitudes des protagonistes ne peuvent que nous interroger sur le sens et le mode de notre vie, et plus largement de la destinée de notre civilisation.
Pour résumer : si vous voulez en prendre plein les mirettes et être volutionnés ce livre est pour vous. Grand auteur !