Un endroit discret de Seichô MATSUMOTO

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un endroit discret brochéParution : en 1983 au Japon, en 2010 aux éditions Actes Sud, et 2012 pour le poche Actes Sud Babel noir. Traduit du japonais par Rose-Marie Makino et Yukari Kometani.

Broché : 224 pages / 19.10 €       Poche : 224 pages / 7.70 €un endroit discret poche

Le style, le genre : roman policier japonais, sous forme de tempête sous un crâne, d’un auteur qui a été comparé à Georges Simenon. Ce roman accorde, comme beaucoup de ses autres oeuvres, une grande place à la dimension sociale au roman policier japonais.

L’auteur : Seichô Matsumoto est un auteur japonais de romans policiers né le 21 septembre 1909 à Kitakyūshū et décédé le 4 août 1992. Après avoir travaillé comme serveur, puis apprenti dans une imprimerie, il intègre un bureau local du quotidien Asahi. L’une de ses nouvelles, Saigosatsu, est sélectionnée dans la liste finale du prix Naoki. En 1953, avec son roman Aru kokura nikki den (Un certain journal écrit à Okura), il reçoit le prix Akutagawa. Il a écrit plus de 400 romans, notamment Tokyo express son roman le plus célèbre écrit en 1958 (Philippe Picquier, 1989), La Voix (Philippe Picquier, 1992) et le Point zéro écrit en 1959 (10/18 collection Grands détectives, 2018). Créateur prolifique, il s’est essayé également au roman historique, et a connu sa vie durant un grand succès critique et public. seichô matsumotoL’auteur a même en son honneur un musée dans sa ville de naissance : le musée mémorial Seichô Matsumoto.

Les lieux : Tôkyô, quartier de Yoyogi, arrondissement de Shibuya.

L’histoire :  Tsuneo Asai est en mission à Kôbe pour le compte du ministère de l’Agriculture lorsqu’il reçoit un coup de téléphone : son épouse est morte quelques heures plus tôt. Elle a succombé à une crise cardiaque tandis qu’elle se trouvait dans un magasin. Sous le choc, il décide de rentrer à Tôkyô par le premier train. Eiko avait le cœur fragile, il le savait, et la nouvelle de son décès ne l’a surpris qu’à demi. Les circonstances de sa mort, en revanche, ne laissent pas de l’étonner. Comment cette épouse docile, au caractère réservé, avec laquelle il menait une vie calme et sobre, qui ne s’absentait de la maison que deux ou trois après-midi par semaine pour aller à ses réunions de haïku, a-t-elle pu mourir dans une curieuse petite boutique de cosmétiques, dans un quartier où elle n’aurait jamais dû mettre les pieds ?

Quelques jours plus tard, il décide d’aller s’excuser auprès de la commerçante de la gêne occasionnée. Il découvre alors, non loin de là, la villa Tachibana, une maison de rendez-vous. Son trouble grandit. Peu à peu, d’infimes détails, de curieux haïkus publiés à la mémoire de son épouse dans la revue de son cercle littéraire, les confidences du personnel des “villas” sur les couples illégitimes qui les fréquentent, le convainquent que sa femme menait une double vie…

Mon avis : le roman est centré sur Tsuneo Asai petit fonctionnaire du ministère de l’agriculture qui ne pense qu’à s’élever dans la hiérarchie à force de travail et d’abnégation. Le caillou dans la chaussure c’est l’annonce en plein déplacement professionnel à Kôbe de la mort de sa femme Eiko.

« Ils avaient vécu en couple pendant sept ans. Eiko, qui avait huit ans de moins que lui, était arrivée l’année suivant la mort de sa première femme, lorsqu’il avait trente-cinq ans. Elle en avait vingt-sept alors et c’était son premier mariage. Selon l’intermédiaire, à force de se montrer difficile pour les propositions de mariage qu’elle avait reçues depuis sa jeunesse, elles avaient fini par se tarir, et lors de leur première rencontre, Asai avait pensé que ce devait être la vérité. Eiko n’était pas si belle, mais son expression était gaie et elle avait du charme. »

La relation conjugale d’Asai n’est pas épanouie, mais pourtant il ne fréquente ni les professionnelles ni ne tisse des liaisons parce qu’il s’est habitué à cette vie, et puis ce serait de l’argent et du temps gâchés, une source d’embêtement. Le roman est entièrement basé sur la cogitation du héros, c’est tempête sous un crâne. Que faisait réellement sa femme dans ce quartier ? innocente ou dépravée ? Cela nous tient en haleine, le passé difficile de Asai dans une famille pauvre explique comment vont s’imbriquer les éléments du puzzle jusqu’à un dénouement radical. C’est une réelle plongée dans la société japonaise qui nous montre son ambivalence : l’inattendu qui survient dans une vie réglée et prévisible et toutes les turpitudes et les violences qui s’y cachent… C’est à cela qu’il faut s’attendre quand on lit un roman de Matsumoto, j’aime.

Pour résumer : à conseiller aux curieux de la société japonaise avec une belle plongée dans la bureaucratie nippone, et à ceux qui aiment ces polars au rythme lent avec beaucoup de sentiments cachés mais puissants (à la Simenon).

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