Parution : écrit en 2009, il a paru en 2011 en France dans les éditions Perrin, puis dans leur collection de poche « TEMPUS » en 2020.
Traduction de l’anglais par Jean-François Sené.
Broché : 516 pages – 25 € Poche : 544 pages -10 €
Le style, le genre : essai historique très complet.
L’auteur : John Keegan est britannique, d’origine irlandaise et catholique, né le 15 mai 1934 à Clapham (quartier du grand Londres) et mort le 2 août 2012 dans l’East Devon. Il fait ses études d’histoire à Oxford et devient historien militaire et journaliste (correspondant de guerre du Daily Telegraph). C’est un des spécialistes reconnus des guerres des 19e et 20e siècles. Il a enseigné pendant vingt-six ans à l’Académie royale militaire de Sandhurst. Il s’est distingué en proposant une nouvelle approche de l’histoire militaire, au-delà des faits il s’intéresse à la dimension humaine du combat. Ses principaux ouvrages chez Perrin : une histoire des deux guerres mondiales, Anatomie de la bataille et L’art du commandement.
Les lieux : États-Unis d’Amérique.
Le thème : La guerre de Sécession (1861-1865), la plus coûteuse en vies humaines et en pertes matérielles de toute l’histoire des États-Unis, marqua le passage de l’ère napoléonienne du combat à la « guerre totale ». Pour raconter ce conflit sans précédent, il fallait un historien d’envergure internationale. Dans la lignée de ses synthèses renommées sur les deux guerres mondiales, John Keegan retrace les grandes batailles (Bull Run, Gettysburg) et le duel des généraux (Lee contre Grant) tout en donnant une large part aux enjeux stratégiques, à l’analyse psychologique et à certains aspects trop souvent négligés comme l’approvisionnement, la géographie militaire ou le rôle des Noirs dans le conflit. Ce grand livre, déjà considéré comme un classique, permet ainsi de comprendre comment la déchirure de deux peuples fonda une nation.
Mon avis : il y a des livres qui vous font tout comprendre d’un pays, celui-ci en fait partie, toute la sociologie politique des États-Unis est accessible grâce à cette histoire de la guerre de Sécession qui opposa nordistes et sudistes pendant presque 5 ans. Car finalement que connaissons nous de cette guerre fratricide ? au mieux la question de l’esclavage, quelques figures mythiques : Abraham Lincoln, Robert E. Lee, Ulysses Grant, quelques batailles célèbres et… Gone with the wind (Autant en emporte le vent) que l’auteur est obligé de citer :
« Une certaine image de la vie sur une vaste plantation, immortalisée par le célèbre roman Autant en emporte le vent et le film qui s’en inspira, s’est répandue dans les imaginations européennes et américaines : celle d’une aristocratie sans titre, d’une existence de loisirs, de seigneurs autoritaires, de femmes majestueuses et intrépides, servis par des esclaves « de maison » privilégiés qui jouissaient, par leur longue relation avec la famille, d’une liberté de parole avec les enfants devenus adultes dont ils s’étaient occupés, et d’une existence vécue dans un contexte de repas plantureux, de divertissements sociaux fréquents et de prospérité sans souci. Le monde d’Autant en emporte le vent existait bien en de rares endroits, et cette existence même était un modèle auquel aspiraient les planteurs de moindre statuts et, un échelon plus bas, les fermiers aisés. »
S’enrichir et accéder à la puissance par l’esclavage ce fut cela le point central de cette guerre. La richesse du sud qui s’était accrue au fil de la décennie 1850 « grâce » à la flambée du prix des esclaves explique leur refus de son abolition. L’auteur nous dit dans son introduction que la première guerre mondiale fut cruelle et inutile, mais que la guerre de Sécession fut également cruelle mais qu’elle ne fut pas inutile.
Je ne vous cache pas que c’est un livre très pointu car John dissèque tous les aspects de cette guerre avec précision : les armées en présence, les armes à la disposition des uns et des autres, la conduite et les plans de la guerre, la vie du soldat, l’étude de la géographie qui mène les armées au succès ou à la défaite lors des batailles, les différents généraux en présence. J’ai mis plus de trois mois à le lire, je ne peux pas dire qu’il se lise facilement mais c’est passionnant (j’ai sauté quelques passages sur des points de tactique militaire ici ou là).
Une autre grande œuvre permet de comprendre la psychologie des Américains c’est La saga des émigrants de Vilhelm Moberg (écrivain suédois), en 8 volumes chez Gaïa, si j’ai bien compté dans ma bibliothèque, et également en poche au Livre de Poche en 5 volumes.
Pour résumer : à réserver aux passionnés d’histoire et/ou des États-Unis.