Parution : en 2021 dans les éditions Belfond, en octobre 2022 dans les éditions de poche 10/18. Traduction de l’allemand de Rose Labourie.

Broché : 592 pages   24€     Poche : 744 pages  10.70€

Les lieux : en Allemagne, Tchétchénie, Géorgie.

Le style, le genre : fresque historique et mémorielle inspirée par un fait réel, l’affaire Boudanov. Récit choral.

L’auteure : Nino est née en juin 1983 à Tbilissi en Géorgie, elle commence des études à l’Université d’État de théâtre et de cinéma Chota-Roustavélielle à Tbilissi avant de s’installer en Allemagne en 2003 où elle s’est d’abord fait connaître comme auteure dramatique (18 pièces) et metteuse en scène. Son premier roman Juja n’est pas encore traduit en français. En 2011 elle reçoit le prix des éditeurs indépendants pour Mon doux jumeau, Buchet Chastel 2015, La Huitième Vie (pour Brilka) Piranha 2017 a reçu le prix Anna Seghers et le Literaturpreis des Kulturkreises der deutschen Wirtschaft. Elle vit actuellement à Hambourg. Le Chat, le Général et la Corneille est son 3e roman.

L’histoire : Décembre 1994, une troupe des forces armées de la Fédération de Russie est cantonnée dans un petit village musulman du Caucase pour réprimer les séparatistes tchétchènes.

Parmi les soldats se trouve Malisch, jeune homme épris de littérature, qui s’est enrôlé par désespoir amoureux. Très vite, il fait la connaissance de Nura, une adolescente du village dont la beauté et la fierté le fascinent. Mais la jeune fille ne tarde pas à être arrêtée par d’autres soldats, pour un motif fallacieux. Malisch se retrouve alors témoin, et peut-être même complice, des violences commises par ses camarades. Quelle est précisément la part de responsabilité de Malisch ?

Mon avis : enthousiasmée par La Huitième Vie je me suis précipitée sur le roman précédent de l’auteure. Les thèmes sont les mêmes : l’empire soviétique qui s’effondre, des vies bouleversées au gré des soubresauts politiques et militaires, l’exil en Allemagne et l’impossible oubli. Nino Haratischwili est l’écrivaine la mieux placée pour nous conter cette histoire géopolitique, une petite part autobiographique est dans tous les recoins de ses romans.

Les personnages sont fascinants de profondeur, Chat est une jeune comédienne qui, sans le savoir, est le sosie de Nura, on lui propose un bien étrange contrat. Le Général (c’est Malisch) est devenu un oligarque prêt à tout dont l’armure se fend quand sa fille meurt et quand il découvre Chat. La Corneille est un journaliste lié de façon macabre au Général. Malgré quelques longueurs j’ai apprécié ce roman qui est construit comme un thriller, mais un peu moins que la Huitième Vie que je conseille de lire en premier.

Pour résumer : cette auteure est une étoile montante de la littérature allemande contemporaine, à découvrir absolument. la question est : va-t-elle écrire sur d’autres sujets ?