Léon et Louise d’Alex CAPUS

Parution : première parution à Münich en 2011 aux éditions Carl Hanser Verlag puis en France aux éditions Actes Sud en septembre 2012, et enfin en Babel pour la version poche en mars 2014.

Traduit de l’allemand par Emanuel Güntzburger.

Le genre, le style : roman à la fois historique (première guerre mondiale à nos jours), sentimental, ou devrais-je dire plutôt d’amour éternel car magnifié par l’absence, et épopée familiale puisque le héros Léon est le grand père de l’auteur. Le style est sobre, le narrateur est ce petit-fils.

L’auteur : Alex Capus est né en juillet 1961 dans l’Orne, très exactement à Mortagne-au-Perche. Son père est français, sa mère suissesse allemande. Ses premières années il les vit à Paris dans l’appartement de son grand-père, avant de retourner à l’âge de 6 ans vivre en Suisse avec sa mère. Il suit des études de sciences humaines (histoire, philo, anthropologie) à l’université de Bâle et devient journaliste, traducteur et écrivain. Bien que francophone il écrit ses romans en allemand. Toute son œuvre est fortement marquée par sa passion pour l’histoire contemporaine. Il a reçu en 2011 le Grand Prix de Pro Helvetia (fondation qui promeut la culture helvétique dans le monde).

Les lieux : Cherbourg, Saint Luc sur Oise, Paris, la « région » de Dakar en 1940.

L’histoire : nous rencontrons Léon Le Gall, jeune homme de 17 ans, en janvier 1918 à Cherbourg chez ses parents. Il ne fréquente qu’épisodiquement le lycée préférant flâner sur la plage à la recherche de quelque objet rejeté par la mer ou bien s’embarquer sur une petite yole à voile avec ses deux meilleurs copains. Après un ultime refus de retourner au lycée sa mère l’oblige à se rendre à la mairie pour s’inscrire au service du travail volontaire. Malgré les nombreuses tentatives du maire pour déceler des compétences utiles à l’économie de guerre, rien ne convient. Léon se souvient alors qu’il a appris par cœur l’alphabet morse découvert dans une revue pour la jeunesse.

 » –   Le morse monsieur. Je sais le morse. (…)

– C’est vrai ce que tu me dis là, petit ? Ce ne sont pas des bobards ?

– Non, monsieur.

– Alors ce serait quelque chose pour toi ! La gare de Saint Luc sur Oise cherche un assistant télégraphique pour seconder celui qui occupe régulièrement le poste. Etablir des lettres de voiture, annoncer l’arrivée et le départ des trains, aider à la vente des billets. Tu t’en sens capable ?

– Oui, monsieur.

– Âge minimum seize ans, sexe masculin, homosexuels et communistes non souhaités. Tu n’es quand même pas … communiste ?  (…) « 

Le voilà lancé pour plusieurs jours sur les routes avec sa valise et son vélo. Tout près du village de Saint Luc un simple dépassement par une jeune fille, à vélo elle aussi, va bouleverser sa vie. Pendant toute son existence ce chemisier blanc à pois rouges, ce sourire ne vont pas le quitter. Faite de retrouvailles et de séparations, Léon et Louise vont vivre une histoire d’amour hors normes qui vont les mener jusqu’à Paris où chacun de son côté a organisé sa vie.

Mon avis : ce livre fait partie des romans dont on apprécie qu’ils soient traduits et publiés. Rien de grandiloquent, une histoire qui suit un fil de vie, un destin. Il est délicieux dans tous ses aspects. J’ai apprécié la force de caractère de Léon, l’indécision de Louise, leur mise en situation dans la trame historique. Ils seront tous deux confrontés concrètement aux bouleversements apportés par la seconde guerre mondiale : l’un face à l’occupation allemande à Paris et à ses prolongements au 36 quai des Orfèvres, l’autre à la protection des réserves d’or française en Afrique (c’est un épisode peu connu dont je vous laisse découvrir l’épopée).

Le personnage d’ Yvonne est très réussi, il arrive à trouver sa place dans cette vie à trois faite de renoncements, de compromis et d’oublis. Chacun d’entre nous qui connût un amour passionné fait d’empêchement, d’aller et retour, de retrouvailles et d’éloignement ne pourra qu’être ému et sous le charme.  L’histoire d’amour absolue, la vraie, n’est possible que parce qu’elle n’a pas eu à survivre au quotidien, c’est l’histoire de Léon et de Louise.

Pour résumer : un livre que je conseille à tous et qui se termine d’une jolie façon.

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