Parution : écrit en 1990, traduit de l’anglais en 2008
par Gilles Berton pour la collection Le Masque, département des éditions Jean-Claude Lattès. Parution en 2010 en format poche chez le Livre de Poche.
Le genre, le style : roman policier historique qui se déroule à Berlin en 1938. Roman écrit à la première personne par le héros du roman Bernhard Gunther, enquêteur privé passé par la Kripo (Kriminal Polizei) et revenu à la Kripo le temps de cette enquête.
L’auteur : Philip Kerr est né en 1956 à Edinburgh en Ecosse, j’apprenais avec tristesse sa mort le 23 mars 2018 alors que j’étais en pleine lecture du deuxième volume de cette trilogie (La pâle figure).
Il a fait des études de droit et de philosophie à l’université de Birmingham. Il est d’abord rédacteur de publicité puis journaliste. Le succès international de cette trilogie berlinoise lui permet de se consacrer à temps plein à ses polars. Alors qu’il avait annoncé la fin de Gunther après la publication de la trilogie, il lui consacre de nouvelles aventures à partir de 2006 (Hôtel Adlon, La dame de Zagreb). C’est un auteur à découvrir pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait.
Les lieux : Berlin, Allemagne, Autriche.
L’histoire : Le roman s’ouvre en août 1938 à berlin. Bernie est en train de trier son courrier en compagnie de son associé Bruno Stahlecker, comme lui un ancien flic de la Kripo, il découvre parmi toutes les missives une lettre anonyme qui lui demande de se rendre à minuit au Reichstag. Sur le lieu du rendez vous il est surpris d’y découvrir Artur Nebe le chef de la police criminelle de Berlin. Nebe croit en la police, c’est toute sa vie. Il la jugeait sapée par le libéralisme de Weimar, puis a finalement à tort fait confiance au National-socialisme pour la restaurer. « Au lieu de ça, c’est devenu pire que jamais. J’ai contribué à arracher la Gestapo au contrôle de Diels, et ça a été pour la voir tomber sous la coupe de Himmler et Heydrich, et là… ». La proposition de Nebe est surprenante, il lui propose pour le moins de réintégrer la Kripo ; même si Bernie n’en a aucune envie il n’aura guère le choix car l’Obergruppenführer Heydrich l’a déjà décidé, il a une enquête à lui confier, la police n’arrivant à aucun résultat. Sa mission : trouver l’assassin et violeur d’adolescentes aryennes, Gunther n’a pas le choix il revient à la Kripo en tant que Kriminalkommissar.
En attendant il débute une enquête, sa nouvelle cliente est Frau Lange elle est éditrice, elle a trouvé une de ses cartes de visite dans la poche du veston de son fils. Un individu la fait chanter, il posséderait des lettres d’amour écrites par son fils homosexuel destinées à un médecin psychothérapeute, le docteur Lanz Kindermann. Après un premier paiement, le maître chanteur continue son chantage.
Mon avis : des nazis qui se tirent dans les pattes, un tueur d’Allemandes bien blondes qui devrait forcément être juif, une histoire d’occultisme, Bruno assassiné, son ancienne compagne disparue (dans le premier volume), deux affaires qui se rejoignent, voilà les principaux éléments de ce deuxième volume se déroulant sur fond de IIIe Reich tout puissant. 1938 c’est l’année de la crise des Sudètes (septembre – octobre) populations germanophones de Bohême, de Tchécoslovaquie qui furent les plus solides soutiens à Hitler et du pogrom de la Nuit de cristal (novembre). Il faut tout le talent de Philip Kerr pour faire évoluer son personnage dans une période si sombre. Bernie est cynique, drôle et toujours séducteur, il continue à nous amener à nous interroger sur la folie des hommes, il arrive formidablement bien à nous faire découvrir les luttes de pouvoir à l’intérieur du pouvoir national socialiste.
Pour résumer : le deuxième volume se complexifie, devient plus sombre et nous tient toujours autant en haleine.