Attachement féroce de Vivian GORNICK

attachement féroceParution : sous le titre Fierce Attachments en 1987, en français en février 2017 aux éditions Rivages, en poche chez le même éditeur (Rivages poche) en août 2018.
Traduction de l’anglais (américain) par Laetitia Devaux.

Le style, le genre : autobiographie, souvenirs d’une mère et de sa fille, la fille est la narratrice.

L’auteur : Vivian est née de parents ukrainiens le 14 juin 1935 à New York dans le Bronx. Elle suit des études dans les années 50 au nord de Manhattan au City College (pour l’anecdote il fut le premier établissement supérieur public et gratuit des États-Unis) puis à l‘Université de New York. Elle enseignera l’anglais puis deviendra journaliste. Elle écrit des essaisvivian gornick féministes, et en 1987 Attachement féroce qui ne sera traduit en français que trente ans après sa publication aux États-Unis. Son autre roman traduit en français La femme à part a paru en 2018 chez Rivages (en 2015 aux USA).
Elle vit toujours à New York, elle a 84 ans.

Les lieux : New York dans le quartier du Bronx.

L’histoire : Une mère, une fille. Au moment où commence le roman l’une a 77 ans, l’autre 45. Elles s’aiment profondément et se haïssent éperdument. Les regrets et les reproches sont violents, les souvenirs de galère les rapprochent. Elles habitent tout près l’une de l’autre et s’il est impossible de vivre ensemble, il est également impossible de se séparer.
Tandis que sa mère et elle arpentent les rues de New York, leurs souvenirs défilent : des personnages de leur immeuble, des amants, des moments drôles, des rêves, des déceptions.
Dès l’ouverture du roman le décor est planté : nous sommes dans le Bronx au début des années 50, « le Bronx était un patchwork de territoires ethniques imbriqués : il pouvait y avoir quatre ou cinq rues dominées par les Irlandais, les Italiens ou les Juifs, pourtant chacune avait son quota d’irlandais qui habitaient dans une rue juive ou de Juifs dans une rue irlandaise.(…) Nous avions passé un an dans un quartier italien. Mon frère et moi étions les seuls Juifs à l’école, et de fait, nous en avons souffert.(…) Notre immeuble était entièrement juif, à part une famille irlandaise, au rez-de-chaussée , une russe au deuxième, et le concierge polonais. »
Dans leur grand appartement la famille connait une vie rythmée par la vie trépidante de l’immeuble et de ses potins, il faut s’occuper de la tenue du ménage qui n’est pas dans les activités préférées de la mère qui préférait s’occuper, avant la naissance des enfants, des actions menées par le parti communiste.
Quand elle a treize ans et son frère dix-neuf ans leur père meurt, leur mère est effondrée « Elle vivait la perte de manière si primaire qu’elle avait pris tout le chagrin pour elle. Le chagrin de nous tous. Elle était à la fois l’épouse, la mère, la fille. Au lieu de la vider, son chagrin l’emplissait. (…) cela dura des heures comme ça. Des jours. Des semaines. Des années. »

Mon avis : autant vous l’avouer tout de suite je n’ai pas vraiment choisi de lire ce livre, il m’a été mis entre les mains par ma libraire, c’est un coup de cœur des Traversées. Je lis peu de littérature américaine, de plus un livre autour des relations mère-fille cela aurait pu être de trop (je sortais de celui de Delphine de Vigan…).
Le roman basé sur une histoire vraie, celle de Vivian, montre des relations complexes faites d’amour et de haine, la mort de l’époux est vécue comme une tragédie antique, elle s’était autopersuadée de vivre avec lui un amour parfait. Le roman va bien au-delà de cette simple (en l’occurrence ici pas simple) relation, c’est aussi ce qui fait son intérêt. L’ambiance est à la fois lourde et tonique. Le rythme est enlevé, la vie newyorkaise est vécue à travers les soubresauts de la grande histoire comme de la petite, à travers elles ce sont les immigrés de l’Est de l’Europe et singulièrement les Juifs qui sont dépeints. Comment ne pas être touchée par le parcours de cette fille qui voit sa mère « disparaitre sous un nuage de malheur ». « Elle refusait l’idée que son comportement affecte désagréablement les autres, et la notion qu’un minimum d’échanges entre humains soit nécessaire lui était totalement étrangère. Elle refusait de comprendre que mettre l’accent sur son malheur revenait à accuser et à juger les autres.
– Toi, me disait son malheur à chaque soupir, tu n’es pas celle qu’il me faut. Tu ne peux m’apporter ni réconfort, ni plaisir, ni mieux-être. Pourtant, tu demeures ce que j’ai de plus cher. La tâche qui t’est assignée, c’est de comprendre, ton destin, c’est de vivre avec le rappel quotidien que tu ne peux me rendre ce que la vie m’a pris. –
Face à une telle démonstration de volonté, je perdais la mienne. »

Pour résumer : ambiance assez lourde, à la fois tragique, épique et battante, je ne trouve pas d’autres mots : le combat caractérise ce livre.

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