Parution : en août 2022 dans les éditions Noir sur Blanc – Traduction du russe de Anne-Marie Tatsis-Botton.
broché : 224 pages – 20.50 €
Le style, le genre : roman d’espionnage.
L’auteur : Né en 1981 à Moscou, Sergueï Lebedev a travaillé sept ans comme géologue et a participé à des expéditions en Asie centrale et dans le nord de la Russie au cours desquelles il a découvert des vestiges de camps du Goulag. Poète, romancier et essayiste, il a consacré plusieurs ouvrages aux secrets de l’histoire soviétique, à la violence du stalinisme et à ses impacts dans la Russie d’aujourd’hui. Ses livres sont traduits en 17 langues. En français, il a publié aux Éditions Verdier La Limite de l’oubli (2014), L’Année de la comète (2016) et Les Hommes d’août (2019). Pour Le débutant il reçoit le Prix Transfuge du meilleur roman étranger 2022.
La New York Review of Books a qualifié Lebedev de meilleur écrivain russe de la jeune génération.
Les lieux : URSS, République tchèque ou ex Allemagne de l’est ? ce n’est pas explicitement précisé.
L’histoire : Le Débutant, c’est le poison parfait : mortel, instantané, et surtout intraçable. Kalitine, le chimiste qui l’a fabriqué dans un institut secret d’Union soviétique, s’est enfui à l’Ouest au moment de l’effondrement du pays. Le roman raconte son enfance dans une ville secrète d’URSS, sa vocation précoce, son initiation auprès d’un oncle puissant et mystérieux, puis les années passées dans un laboratoire clandestin, dissimulé sur une île dans un grand fleuve… Vingt ans plus tard, le lieutenant-colonel Cherchniov reçoit l’ordre d’empoisonner le traître avec son propre produit, et il se lance à sa poursuite.
Mon avis : un scientifique russe, pleinement engagé dans la création de substances mortelles pour le KGB, qui a fui son pays et qui se retrouve chassé quoi de plus normal finalement ? Retour à l’envoyeur… mais c’est bien plus que cela. C’est le poids du passé qui nous est raconté, la naissance du mal (à travers l’enfance du héros), l’ambition, le désir de faire partie d’une autre classe, incarnée par l’oncle Igor, sortir de celle des colons qui peuplent sa ville neuve, ville créée de toute pièce dans la taïga. La noirceur de l’époque soviétique est palpable, elle enserre les âmes et les corps. Elle provoque tout au long de la lecture un sentiment glaçant. Plusieurs personnages ambigus sont très intéressants à suivre.
Pour résumer : bon roman palpitant mais aussi instructif sur le système soviétique et sur les laboratoires secrets, pourvu que ça ne reste que de la fiction (je n’y crois pas trop quand je me souviens des opposants empoisonnés à Londres ou ailleurs) !