Parution : en 2024 en France dans les éditions ZOE, collection Domaine allemand. Traduction de l’allemand par Barbara Fontaine. Le titre original, en allemand est bien meilleur « Alles ist noch zu wenig » (Tout est encore trop peu), moins neutre, plus explicite.

Broché :   351 pages – 23 €   

Le style, le genre : roman relatant quelques mois d’une vie familiale dysfonctionnelle, trois générations se heurtent.

L’auteure : née à Dresde en 1982, Katja Schönherr fait ses études de sciences humaines, d’art et de journalisme à Leipzig. Puis elle travaille pour „Die Zeit“ et pour „Die NZZ am Sonntag“ (journal suisse). Elle vit aujourd’hui en Suisse, à Zürich, et écrit des textes aussi bien journalistiques que littéraires. Son premier roman Marta et Arthur a reçu le prix Millepages 2021. La famille Ruck a figuré dans les listes pour les prix Femina et Médicis du meilleur livre étranger 2024.

Les lieux : Berlin et Munßig un village de l’ex Allemagne de l’est.

L’histoire : si son fils Carsten s’était un peu soucié d’elle, cette chute dans les escaliers aurait pu être évitée. C’est ce que pense Inge, seule dans sa chambre d’hôpital, le col du fémur fracturé. Carsten n’a d’autre choix que de passer l’été au chevet de sa vieille mère. Il embarque avec lui Lissa, son adolescente de quinze ans. Drôle de colocation, dans ce village de l’ex Allemagne de l’Est, pour les trois membres de la famille Ruck, qui n’ont guère en commun que leur nom. Inge admet mal les idées de sa petite-fille ; encore moins l’attitude fuyante de Carsten, toujours prêt à partir au quart de tour. Il va falloir pourtant s’adapter.

Mon avis : je n’ai que rarement lu un roman où les personnages se détestent autant. Inge ne supporte pas Carsten (son fils), elle voue également une haine féroce à l’endroit de Margit une de ses voisines qu’elle appelle « la sale bête » ; Lissa, adolescente écolo, n’aime pas grand-monde et répand son acidité sur son père (Carsten), sur Thomas le nouveau compagnon de sa mère, et n’a que du ressentiment à l’encontre de son petit ami Yann. Jens, le deuxième fils d’Inge et frère de Carsten, s’est exilé aux États-Unis d’Amérique et n’a plus de contacts avec le reste de la famille. Ulrike une amie d’enfance des deux frères, maitresse intermittente de Carsten ne se fait pas d’illusions sur lui. Enfin Ingmar, le voisin d’Inge dont les prises de bec avec Lissa sur fond d’écologie m’ont réjouie, se mêle aux récriminations ambiantes.

C’est la chute d’Inge dans l’escalier qui va précipiter la réunion de tous ces personnages, comme si seul cet évènement pouvait enclencher une sorte de dialogue jamais encore entamé. Je me suis attachée à tous sans exception, même si Katja  brosse un portrait peu reluisant de Carsten que j’ai eu envie de baffer à presque chaque page, personnage détestable que l’on apprend à cerner en regard de sa vie familiale.

C’est une comédie sociale et familiale avec des thèmes très contemporains, la vieillesse avec la contrainte de s’occuper de ses vieux parents, contrainte qui se complique quand les rancœurs familiales se nourrissent des erreurs du passé. Comment confronter les expériences rurales vécues du temps de l’Allemagne de l’est avec des modes de vie urbains, écologiques et égoïstes d’aujourd’hui ?

Pour résumer :  à lire d’une traite. Comment vont-ils se sortir de cette situation ? ou pas… telle est la question. Katja m’a donné envie de lire son premier roman Marta et Arthur.  Merci à  Au fil des livres d’avoir conseillé ce livre !