De Marquette à Veracruz de Jim Harrison

De Marquette à Veracruz - Jim HARRISONParution : en novembre 2004 aux éditions Christian Bourgois et en poche éditions 10/18 en janvier 2006 – Traduction de l’américain par Brice Matthieussent.

Le genre, le style : roman américain illustrant le conflit entre les mœurs des gens ordinaires de l’Amérique rurale et celles des familles aisées, mais aussi les contradictions inhérentes à chaque personnage. Roman écrit à la première personne, celle du héros David Burkett, qui comporte trois parties : les années 60, les années 70 et les années 80.

L’auteur : Jim Harrison est né le 11 décembre 1937 dans le Michigan, il décède dans l’Arizona le 26 mars 2016 d’un infarctus. Il connaît un début de vie difficile : un œil crevé à 8 ans et à 26 ans son père et sa sœur décèdent dans un accident de voiture dû à un conducteur ivre. Après des études de lettres il renonce à une carrière universitaire pour revenir vivre dans le Michigan. Sa vie est financièrement tendue jusqu’en 1979 avec la parution de son premier grand succès « Légendes d’automne » un recueil de nouvelles, genre qu’il affectionne (le livre paraitra en France en 1981). C’est un auteur francophile qui aime la pêche, les femmes, la nourriture et le vin. Immense écrivain.

Les lieux : les villes de Marquette et Chicago dans le Michigan, Paris et Aix en Provence en France, Veracruz au Mexique.

L’histoire : à l’approche de la quarantaine David raconte sa vie. Son récit débute dans les années 60 dans le Michigan. David Burkett a 16 ans, sa sœur Cynthia 14. Ils vivent dans une belle résidence, ils sont les descendants d’une famille d’exploitants forestiers et miniers. L’atmosphère dans la maison est irrespirable, chacun a ses raisons de détester le maître de maison. Il est un obsédé sexuel amateur de très jeunes filles et un alcoolique invétéré, Cynthia est en conflit ouvert avec lui car il n’accepte pas sa liaison amoureuse avec Donald le fils de Clarence le jardinier de la maison, mi – finnois, mi – indien Chippewa. Sa femme se perd dans l’alcool et les médicaments. Quant à David il hait la famille de son père responsable depuis quatre générations d’une déforestation massive des pins du Michigan et d’une défiguration des paysages par l’exploitation minière.

La détestation de son milieu familial est si forte qu’il va poursuivre un but : découvrir les racines du mal.

Obsédé par sa quête il cherche à y échapper par tous les moyens allant jusqu’à Iron Mountain avec son copain Glenn pour travailler comme manœuvre sur des chantiers de soutènement de trottoirs ! Fred, son oncle du côté maternel, le soutient, il l’accueille. C’est un homme peu conventionnel qui apprend à lire et à écrire aux gamins défavorisés de l’Ohio.

La rupture avec le père est définitive quand ce dernier viole une jeune fille de 13 ans, Vera, fille de Jesse un de ses employés mexicains dont David est amoureux.

Dans les décennies 70 et 80 David adopte un mode de vie de trappeur et évolue au gré de ses rencontres, il se marie, divorce, rencontre des femmes qui vont compter et adopte une chienne, Carla, offerte par sa sœur, qui prend une grande place. Au fil des ans il va tenter d’agir sur sa vie pour ne plus être prisonnier d’un passé dans lequel il ne se reconnaît pas jusqu’au dénouement final à la fois placé au début du roman et à la fin…

Mon avis : Immense livre ! Comme d’habitude Jim nous entraine dans les méandres des fleuves, dans les profondeurs des forêts et dans les tourments de l’âme humaine. Il nous livre le portrait d’un homme plein de contradictions, souvent immature qui n’arrive pas à s’évader du carcan familial, à se dégager de l’emprise de son père sur sa vie. Il s’est lancé dans une gigantesque entreprise de dénonciation de l’exploitation forestière pour en dénoncer les abus flagrants. La recherche des témoignages des vieux bûcherons et la vie qu’il s’impose le font plonger dans la déprime, il n’en voit pas le bout. Il se rend compte en relisant ses notes qu’il ne sait pas écrire, une de ses compagnes Vernice, poétesse, est impitoyable à ce sujet. Il s’interroge, est ce que sa démarche et sa réflexion sont les bonnes ? N’est il pas en train d’adopter le même langage, les mêmes méthodes que ceux qu’ils dénoncent ? Se serait il trompé ?

Dans les romans de Jim ce qui est formidable c’est qu’à tout moment on y retrouve quelque chose de soi, une situation, un sentiment. J’ai beaucoup aimé le personnage de Fred, un tantinet hors système et hors conventions, qui dit : « soit vous êtes hors jeu dans la société capitaliste soit vous êtes un être pas normal aux yeux du commun des mortels, qu’on ne peut pas comprendre. »

Pour résumer : roman à atmosphère à déguster comme l’aurait aimé Jim avec un verre de bon vin et dans un cadre de verdure.

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2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Marcorèle dit :

    Une cigarette aux lèvres ?

    1. anniemots dit :

      la bouteille surtout !

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