Parution : en 2013 en Italie, en janvier 2017 en France aux éditions Gallimard, et en poche Folio en janvier 2018. Traduit de l’italien par Elsa Damien.
L’auteur : Elena Ferrante est le pseudonyme d’une auteure italienne. Depuis son premier roman en 1991 elle souhaitait garder l’anonymat. Plusieurs journalistes italiens ont fait un travail de détectives pour essayer de la démasquer. Anita Raja une traductrice italienne aurait reconnu être Elena Ferrante… Ses ventes se comptent par millions d’exemplaires dans le monde, elle est traduite dans 41 pays et provoque un engouement exceptionnel.
Les lieux : en Italie dans un quartier pauvre de Naples, à Pise et à Florence.
L’histoire : Alors que les événements de 1968 s’annoncent, que les mouvements féministes et protestataires s’organisent, Elena, diplômée de l’École normale supérieure de Pise, se retrouve au premier rang. Elle vient de publier un roman inspiré de ses amours de jeunesse qui rencontre un certain succès tout en faisant scandale. Lila, elle, a quitté son mari Stefano et travaille dur dans une usine où elle subit le harcèlement des hommes et découvre les débuts de la lutte prolétaire. Pour les deux jeunes femmes, comme pour l’Italie, c’est le début d’une période de grands bouleversements. (texte éditeur)
Mon avis : cette saga est addictive, peu importe que le propos ronronne un peu et qu’il y ait des redites car là n’est pas l’important, je me suis attachée à Elena, à Lila, à Naples et aux autres personnages.
Et pourtant quand je dis je m’attache, je devrai dire je m’énerve depuis la fin du deuxième volume et encore plus dans ce celui-ci, car j’ai du mal à trouver une raison de me reconnaître dans l’une ou l’autre tellement leurs choix sont irrationnels et donc agaçants. Qu’est ce qui est agaçant ? L’attachement quasi religieux d’Elena pour Lila, on finit par se demander ce qui l’explique, une fidélité à son enfance, à son quartier de Naples, le sentiment d’être une usurpatrice ? La mésestime d’Elena pour elle-même malgré ses études brillantes et la publication d’un roman ? La profonde méchanceté et l’irrationalité de Lila envers Elena et tous ceux qui veulent l’aider ?
Les deux sujets principaux de cette saga, l’emprise d’une personne sur une autre et une musique profondément pessimiste sur la condition humaine, les hommes, la société, le monde du travail sont rejoints dans ce troisième volume par le combat féministe et par les actions terroristes revendiquées par des groupes d’extrême-droite puis d’extrême-gauche prenant naissance dans les usines.
Plus l’histoire des personnages avance, plus les espérances et les rêves des unes et des autres s’écroulent, la vie est dure : enfants, maris, métiers non désirés.
Certains personnages représentants des éléments de l’intelligentsia sont ridiculisés, d’autres qui sont commerçants prospères à Naples dépeints comme de sombres brutes, caricatures ou réalités vécues par l’auteur ?
Il y a beaucoup de rancœur, de douleur dans l’écriture d’Elena Ferrante mais rien n’entamera mon désir de lire cette saga jusqu’au bout. Comment va finir ce capharnaüm ? on sait juste (dans l’ouverture du premier volume) qu’Elena va se mettre à écrire quand Lila disparaît…
Pour résumer : je suis très partagée sur l’évolution de cette quadrilogie et traversée par beaucoup de courants contradictoires. Sachant qu’il s’agit d’une œuvre en grande partie autobiographique, cela me permet de faire pencher la balance du côté positif et d’attendre la parution en poche du quatrième et dernier volume.