Éclipses de Jean-Luc CATTACIN

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eclipses cattacin
240 pages – 18€

Parution : en avril 2019 aux éditions Phébus.

 

Le style, le genre : roman autour du thème des souvenirs. Le narrateur est le personnage principal le docteur Delouvrier. La construction du roman fait alterner les faits actuels, les faits situés dans le passé et des extraits des ouvrages sur la mémoire écrits par ce médecin.

L’auteur : Jean-Luc Cattacin est né en 1962 en Ile de France, il est professeur d’anglais. Il a publié son premier roman que j’avais beaucoup aimé A travers ciel en 2016, puis Iles flottantes en 2017. Il est également l’auteur d’un ouvrage jeanluc cattacinhistorique paru aux éditions Vendémiaire en 2016 Libérateurs de l’Irlande : huit siècles de luttes.

Les lieux : Paris, île de France et dans le village de Saint Charmant.

L’histoire : ce que le docteur Delouvrier a vu de plus extraordinaire dans sa vie s’est déroulé il y a 20 ans quelque part dans un petit appartement derrière le Panthéon, au moment où Elle est entrée. Il est aujourd’hui spécialiste de la mémoire et reste bouche bée quand un jour, il reçoit la visite
de Lena Carpentier, une patiente souffrant d’amnésie. Lui, la reconnaît aussitôt : il y a vingt ans, leurs chemins se sont croisés. Le médecin, sans lui dire qu’il la connaît, va s’employer à lui faire retrouver la mémoire.

Mon avis : dans les deux premiers romans de l’auteur il était question de souvenirs d’enfance (A travers ciel) et d’adolescence (Iles flottantes), de moments enchantés à ceux plus difficiles des rites de passage d’un état à un autre. Ici ce sont toujours les souvenirs, la mémoire qui charpentent le fil du texte mais dans une forme plus travaillée. Jean-Luc fait à travers ses personnages s’entremêler la réalité des faits, les désirs profonds et leurs illusions. La qualité d’écriture et la profondeur des émotions sont bluffantes, je sais déjà que plusieurs d’entre vous (amis libraires ou lecteurs passionnés) ont reconnu en cet auteur un talent singulier.
Les personnages principaux ont la quarantaine mais toujours 20 ans comme lorsque chacun d’entre nous revisite des moments de son passé. Il fait du docteur Delouvrier un homme un tantinet désabusé tant par la réception en demi-teinte de ses ouvrages dans le milieu scientifique que par sa vie personnelle.
« (…) c’est à ça qu’était consacré mon premier livre, il y a des années déjà, le livre qui m’a rendu célèbre en quelque sorte, ou disons plutôt « réputé », celui qui m’a fait entrer dans le petit monde des médecins connus pour leurs travaux par une (petite) partie du (grand) public, où je suis une rareté parmi les chirurgiens esthétiques, les nutritionnistes, les cancérologues et les sexologues. Ça s’était fait par hasard : ayant dès l’origine conservé les notes que je prends – encore aujourd’hui – au fil de mes consultations (…) je lui avais fait parvenir le manuscrit intitulé : Les troubles du stockage de la mémoire épisodique, un titre que je trouvais accrocheur, mais ledit éditeur n’avait accepté de publier le livre qu’à la condition expresse d’en changer, et j’avais cédé. Le livre était devenu J’ai oublié mes souvenirs. Selon lui j’y avais gagné trente mille lecteurs. Selon Vigo j’y avais perdu le respect de mes pairs.
Depuis, je n’ai plus arrêté de publier, et écrire occupe le plus clair de mon temps une fois que j’ai quitté mon cabinet. On peut même dire que ma vie se résume à ça maintenant qu’il est apparu que l’arbre du reste n’a pas donné les fruits attendus. »
Autant dire, après la lecture de cette citation, que l’irruption du souvenir appelé Lena réveille notre personnage.
L’introduction d’extraits des ouvrages du médecin viennent à point pour rythmer le récit et nous rappeler à la raison, pour nous prouver qu’il existe un plancher stable dans le monde instable des souvenirs. Et qu’en est-il de Vigo ce personnage énigmatique que le docteur nomme « Boulanger » et est appelé à son tour « Ouvrier » par Vigo ? Je vous laisse le découvrir par vous-même car nous n’aurons pas la même interprétation, les caractères du personnage sont ouverts… pour moi il est une sorte de double ou mieux encore de miroir, voire même de bonne conscience si on s’enflamme un peu. La relation entre les deux est en tout cas énigmatique.

Pour résumer : au fait les souvenirs c’est quoi ? une quête ? une douleur ? des regrets ? des freins ? de la joie ? Faut-il s’en méfier ?
Comme l’auteur (page 91) je cite volontiers André Gide : « Ah ! jeunesse. L’Homme ne la possède qu’un temps, et le reste du temps la rappelle ».

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