La huitième vie (pour Brilka) de Nino HARATISCHWILI

la huitième vie Haratischwili brochéParution : en 2014 en Allemagne sous le titre Das Achte Leben (für Brilka) G05575_La_huitieme_vie.indd; première parution en France en janvier 2017 dans les éditions Piranha, repris par Gallimard en août 2021 en poche Folio.

Traduit de l’allemand par Barbara Fontaine et Monique Rival

Grand format : 928 pages – 26.50 €     Poche : 1200 pages – 13 €

Les lieux : en Géorgie, en URSS, en Angleterre, à Vienne (Autriche) et en Allemagne.

Le style, le genre : saga romanesque, roman-fleuve collant aux évènements historiques du 20e siècle dans l’est de l’Europe. L’auteure fait partie du courant littéraire germanophone de la Migrationsliteratur (littérature de migration), composé d’écrivains issus de l’immigration qui font le choix d’écrire en allemand plutôt que dans leur idiome maternel pour évoquer des problématiques interculturelles.

L’auteure : Nino est née en 1983 à Tbilissi en Géorgie, elle s’est installée en Allemagne en 2003 où elle

nino haratischwili

s’est d’abord fait connaître comme auteur dramatique (13 pièces) et metteuse en scène. Son premier roman Juja n’est pas encore traduit en français. En 2011 elle reçoit le prix des éditeurs indépendants pour Mon doux jumeau et son troisième roman, La Huitième Vie (pour Brilka) a reçu le prix Anna Seghers et le Literaturpreis des Kulturkreises der deutschen Wirtschaft. Elle vit actuellement à Hambourg.

L’histoire : Géorgie, 1917. Stasia, la fille d’un chocolatier de génie, rêve d’une carrière de danseuse étoile à Paris lorsque, à tout juste dix-sept ans, elle s’éprend de Simon Iachi, premier-lieutenant de la Garde blanche. La révolution qui éclate en octobre contraint les deux amoureux à précipiter leur mariage.

Allemagne, 2006. Niza, l’arrière-petite fille de Stasia, s’est installée à Berlin depuis plusieurs années pour fuir le poids d’un passé familial trop douloureux. Quand Brilka, sa nièce de douze ans, profite d’un voyage à l’Ouest pour fuguer, c’est à elle de la retrouver pour la ramener au pays. À la recherche de son identité, elle entreprend d’écrire, pour elle et pour sa nièce, l’histoire de la famille Iachi sur six générations.

De Londres à Berlin, de Vienne à Tbilissi, de Saint-Pétersbourg à Moscou, le destin romanesque et parfois tragique des membres de cette famille géorgienne s’enchevêtre étroitement à l’histoire du sombre XXe siècle.

Mon avis : la littérature que j’aime plus que tout, la voici. Et encore une fois c’est un roman en langue allemande… qui conte des histoires d’amour heureux ou malheureux, des épisodes politiques et historiques qui ont un impact direct sur les personnages (de Nicolas II aux débuts du communisme jusqu’à Gorbatchev en passant par les guerres mondiales, des guerres civiles déclarées par les bolchéviques en Géorgie, en Azerbaïdjan, en Crimée ou encore en Arménie).20220206_172215

C’est évidemment un peu autobiographique bien que largement romancé. Le commencement c’est la fuite de la jeune Brilka en Occident qui rappelle à la narratrice, sa tante Niza, sa propre fuite de Géorgie.

Cette histoire a plusieurs commencements et j’ai du mal à me décider pour l’un ou l’autre, parce que tous constituent le début.

On pourrait la faire commencer dans un vieil appartement berlinois, sans rien de spectaculaire, avec deux corps nus dans un lit. Avec un homme de vingt-sept ans, un musicien terriblement talentueux qui est sur le point de sacrifier son talent à ses humeurs, à son insatiable besoin de présence et à l’alcool. Mais on pourrait aussi faire commencer l’histoire avec une jeune fille de douze ans qui décide de balancer un grand NON à la face du monde dans lequel elle vit, et chercher un autre début pour elle et son histoire. On peut aussi retourner très loin en arrière et aller chercher le commencement aux origines. Ou encore commencer l’histoire avec ces trois débuts à la fois.

Le texte est construit en huit blocs, chacun narrant du plus ancien au plus récent l’entremêlement des histoires de huit personnages : Stasia, Christine, Kostia, Kitty, Elene, Daria, Niza, Brilka.

Les personnages féminins encaissent les blessures, les haines, les trahisons, elles embellissent aussi la vie de leur fantaisie (et de leur chocolat), et doivent lutter contre la tyrannie politique qui efface toutes les individualités, voilà la toile de fond de ce roman. Les hommes tendres et délicats ne sont pas mieux lotis, secourus par les femmes de la famille (chaque génération en compte au moins un), ils tentent d’échapper à la broyeuse totalitaire. Un homme est le centre du roman, Kostia, le grand-père de Niza, personnage terrifiant et implacable, entièrement dévoué au parti communiste.

Pour résumer : un roman, certes, mais aussi un récit très documenté. Il y a quelques moments un petit peu longs (il compte 1200 pages), mais rien de pesant, je le recommande à tous, je me suis régalée.

Pour aller plus loin avec Nino, ici une interview de l’auteure.

4 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. lorenztradfin dit :

    eh ben, pas encore lu…. mais tu n’es pas la 1ere d’en parler.

  2. Patrice dit :

    Beaucoup d’avis positifs sur ce livre qui est depuis quelque temps dans notre bibliothèque. Il y a un assez grand nombre d’auteurs germanophones issus de l’immigration, et ça donne aux lettres allemands un réel dynamisme.

    1. anniemots dit :

      Tout à fait d’accord !

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