La vie n’est pas une foire nocturne de Pramoedya ANANTA TOER

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la vie n'est pas une foire nocturne
238 pages – 13.50€

Parution : en 1950 et 1951 en Indonésie, en 1993 pour la traduction française chez Gallimard, collection Connaissance de l’Orient.
Traduction de l’indonésien par Henri Chambert-Loir et Denys Lombard.

Le style, le genre : Quatre nouvelles autobiographiques dans un style simple et intense qui va à l’essentiel.

L’auteur : Pramoedya Ananta Toer est né en 1925 sur l’île de Java. Il est le fils aîné (huit frères et sœurs) d’un père instituteur et d’une mère marchande de riz. Il vient d’être diplômé d’une formation professionnelle pour travailler comme journaliste dans une radio quand l’invasion japonaise commence (1945), il devra débuter comme dactylo pour un quotidien japonais durant l’occupation du pays. Il a été emprisonné par le gouvernement colonial hollandais de 1947 à 1949. En 1965, accusé de sympathies procommunistes (déçu en 1953 par un voyage aux Pays-Bas et au contraire enthousiasmé par la visite de Pékin en 1956 il adhérera au PKI (parti communiste indonésien)) sous lapramoedya ananta toer jeune dictature de Suharto, il est envoyé au bagne sur l’île de Buru, le goulag des mers du Sud, dont il sort en 1979, sous la pression internationale. Jusqu’à la fin de sa vie, en 2006, il est surveillé et systématiquement censuré.
L’œuvre de Pramoedya Ananta Toer est considérable – plus de cinquante romans, nouvelles et essais, traduits dans près de quarante langues. Sa grande œuvre est Buru Quartet, publié dans son intégralité en quatre volumes chez Zulma. Peu de livres sont traduits en français : Corruption en 1981 ; Le Fugitif éditions 10/18 en 1997 ; La Fille du rivage en 2004 et celui-ci La vie n’est pas une foire nocturne.
Il incarne en Asie du Sud-Est, auprès des jeunes et des moins jeunes, l’image traditionnelle de l’intellectuel irréductible. là-bas on espère qu’il sera un jour nobélisé.

Les lieux : l’Indonésie.

Les histoires : les quatre nouvelles traduites datent de la première période (1945-1950). L’auteur, qui vient d’avoir vingt ans et s’est engagé dans la lutte active pour l’indépendance, évoque les affres de la décolonisation qui s’amorce, le désarroi d’une société javanaise qui commence à se sentir « indonésienne », ainsi que le drame de sa propre famille que les événements font éclater. Mais dans cette nouvelle comme dans les autres, on est frappé par l’acuité du regard de l’auteur, par la force d’une narration qui va à l’essentiel et nous livre, avec une simplicité qui est du grand art, les péripéties intenses d’une destinée souvent tragique.

Mon avis : Vengeance, Gado-Gado et Blora font partie de deux recueils de nouvelles qu’il a écrites pendant ses deux premières années de prison (1947-1949). Vengeance est une scène de Cikampek quand Pram faisait partie d’une milice populaire ; Gado-Gado (c’est une spécialité culinaire indonésienne, consistant en une salade de légumes croquants nappés d’une sauce aux arachides) se passe à Jakarta ; Blora est un rêve de prison où il retrouve sa grand-mère et une ex-petite amie. Dans La vie n’est pas une foire nocturne, qui donne son nom à l’ouvrage, il relate les derniers moments de son père, c’est en effet au moment où paraissent ces trois nouvelles, en 1950, que ce dernier tombe gravement malade. Sa mort est vécue par Pram comme la fin d’un monde.
Ses récits sont marqués par les nombreuses péripéties de l’histoire indonésienne, c’est pourquoi je ne conseille pas de lire ce livre avant d’avoir découvert la quadrilogie de Buru Quartet, sinon je crains que vous ne soyez déçus car ce recueil est l’occasion de retrouver avec plaisir l’essence de son chef d’œuvre, chaque page nous ramenant à l’histoire de Minke, son héros autobiographique. C’est une lecture « d’approfondissement » où j’ai retrouvé à la fois quelque chose de connu et de profondément complexe qui complète ma découverte du 20e siècle indonésien.

Pour résumer : après la lecture de Buru Quartet impossible de ne pas approfondir ma connaissance de cet auteur majeur du sud-est asiatique.

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