Parution : en mars 2020 chez Rivages Noir, sortie en poche en mai 2021 également chez Rivages Noir. Traduction de l’anglais américain par Anne-Marie Carrière
350 pages, 21 € / poche 350 pages, 9.50 €
Le style, le genre : roman policier historique (l’action se passe en 1950), social et politique.
Les lieux : Atlanta (USA)
L’auteur : Thomas est né à Providence dans Rhode Island en 1974. Il a fait ses études dans l’Ohio dans une université particulière l’Oberlin College, fondée en 1833 et connue pour avoir admis, la première, des étudiants afro-américains en 1835 et de sexe féminin en 1837. Pas étonnant de le voir ensuite construire son œuvre autour de la ségrégation raciale avec Darktown le début d’une série policière commencée en 2016 aux USA. Le second opus est Lightning Men (Temps noirs).
L’histoire : L’officier Denny Rakestraw et les « officiers nègres » Lucius Boggs et Tommy Smith ont du pain sur la planche dans un Atlanta surpeuplé et en pleine mutation. Nous sommes en 1950 et les tensions raciales sont légion alors que des familles noires, y compris la sœur de Smith, commencent à s’installer dans des quartiers autrefois entièrement blancs. Lorsque le beau-frère de Rake lance un projet visant à rallier le Ku Klux Klan à la « sauvegarde » de son quartier, les conséquences deviennent incontrôlables, forçant Rake à choisir entre la loyauté envers sa famille et la loi. Parallèlement, Boggs et Smith tentent d’arrêter l’approvisionnement en drogues sur leur territoire, se retrouvant face à des ennemis plus puissants que prévu : flics et ex-détenus corrompus, chemises noires nazies et voyous.
Mon avis : j’avais découvert le premier roman de cette série avec bonheur, c’est encore le cas pour celui-ci. Darktown se situait en 1948 et racontait les débuts de Lucius Boggs et Tommy Smith en tant qu’ « officiers nègres » de la ville. Dans celui-ci, deux ans plus tard, ils continuent de patrouiller dans les quartiers noirs de la ville avec toujours aussi peu de pouvoirs, ils sont à pied et seulement dans ces quartiers-là, ils n’ont pas le droit de se servir de leur arme, et encore moins de chercher des noises aux blancs même si ceux-ci commettent des infractions. Leurs bureaux sont dans un sous-sol minable avec à leur tête un chef blanc peu considéré et ils risquent leur vie à tout moment.
Si dans le premier roman, à côté d’une énigme policière, on s’attardait sur la création et les premiers pas de cette brigade très spéciale, Temps noirs nous emporte un peu plus loin. Toujours des flics blancs pourris, des politiques corrompus, le Ku Klux Klan répandant son venin raciste, mais également une prise de conscience encore mineure mais réelle des déviances de la ségrégation (personnage du policier Dennis Rakestraw). Le roman s’intéresse aussi à la sociologie de la ville, notamment à l’implantation de familles noires aux frontières du quartier blanc de Hanford Park et aux tensions raciales qui vont suivre. Les personnages principaux prennent encore plus d’épaisseur, Lucius Boggs s’interroge : noir, fils de pasteur et pourtant prêt à affronter sa famille par amour pour une jeune femme dont on peut dire qu’elle possède un passé compliqué… et je n’en dirai pas plus.
Pour résumer : excellent polar et pas seulement un polar, c’est ce qui fait le grand intérêt de ce livre. Commencez par Darktown bien que l’intrigue policière soit indépendante.
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